La Grèce traverse une crise économique et politique sans précédent et l’on désespère de voir le 20H de TF1 y consacrer un vrai sujet pour mener un débat de fond salvateur sur le sujet. Au lieu de celà, on apprend que juste « face à la menace d’une faillite de l’Etat grec, le cours de l’euro s’est effondré ces dernières semaines »…
Les finances publiques grecques, en déroute, déstabilisent les marchés financiers depuis plusieurs semaines et inquiètent les partenaires européens du pays.
Sous la pression de l’Union européenne – et de Berlin en particulier –, Athènes a été sommé de procéder à des économies draconiennes pour réduire sa dette publique. Le gouvernement grec a ainsi annoncé le 3 mars un plan d’économies de 4,8 milliards d’euros destiné afin de mettre fin à la dérive des comptes publics. « Impôts en hausse, salaires en baisse » : il faut saluer, selon un quotidien allemand, »l’exemplarité » des nouvelles mesures d’austérité incluant une hausse de la TVA et une baisse de la rémunération des fonctionnaires.
Toutes ces mesures d’austérité sont réclamées par les partenaires européens afin de rassurer marchés financiers et préserver le cours de l’euro.
Ces mêmes marchés financiers qui ont aidé la Grèce à dissimuler son endettement croissant et qui font maintenant des paris financiers risquant de conduire le pays à la faillite. La popularité grandissante des produits permettant de s’assurer contre le risque d’une défaillance grecque limite en effet la capacité d’Athènes à maintenant lever des fonds, maintenant à présent la Grèce la tête sous l’eau.
Il est riche d’enseignement de s’interesser à la question sanitaire dans ce pays à la dérive, dans lequel la participation du secteur privé tant dans le financement que dans l’offre de soin est très importante.
“Paiement en douze mensualités”
Voilà ce qu’on peut lire, non plus sur les vitrines des grands magasins du centre-ville, mais dans les cabinets médicaux, rapporte Courrier International dans un article paru la semaine dernière. La crise qui touche sévèrement le pays oblige les médecins à s’adapter. De plus en plus de cliniques privées et de nombreux médecins sont contraints de proposer des paiements échelonnés. Les patients, eux, sont obligés de faire des compromis avec leur santé. Le nombre de consultations médicales et d’interventions chirurgicales a considérablement baissé ces derniers mois. La raison en est exclusivement économique. Ceux qui souffrent préfèrent, selon une enquête récente de l’Union des médecins grecs, “consommer des antalgiques puissants et des médicaments sans ordonnance plutôt que de s’attaquer pour de bon à leurs problèmes de santé”, estime Dimitrios Tsahalinas. Ce chirurgien-dentiste informe ses patients, dès leur première visite, de la possibilité pour eux de payer en plusieurs mensualités à l’aide d’une carte de crédit.
“Les dépenses en matière de santé dentaire s’élèvent à 200 ou 400 euros par an et par personne, en fonction du praticien, mais la pose d’un bridge peut coûter jusqu’à 3 200 euros”, précise Périclès Gousgounis, un autre dentiste athénien. “Pour être sûr d’être payé, il est donc préférable de proposer un crédit renouvelable, poursuit-il. Ces six derniers mois, j’ai eu plus de cinquante consultations impayées…” Les facilités de paiement s’appliquent aussi à la chirurgie, notamment plastique. Les cliniques privées ont investi dans des moyens de paiement électroniques permettant des règlements échelonnés. Même le principal hôpital d’Athènes, le IASO, est en relation avec la Banque nationale de Grèce pour proposer des “séjours santé”. Concrètement, un séjour de deux jours, après une intervention chirurgicale comme la pose de prothèses mammaires, coûte 3 000 euros minimum. Avec l’utilisation de la carte de crédit proposée par la Banque nationale, la patiente répartira son paiement sur six mois, soit 500 euros par mois, plus les intérêts. Contrairement aux crédits à la consommation, le taux d’intérêt est peu élevé, voire inexistant quand les mensualités ne dépassent pas dix-huit mois. La logique est la même pour les futurs parents qui hésitent entre hôpitaux publics et cliniques privées pour l’accouchement. Pour quatre nuits en clinique, il faut compter 6 600 euros. Avec le paiement par carte de crédit, le patient réglera à hauteur de 341 euros par mois pendant un an au lieu de vingt mois. Il revient donc moins cher de payer par carte. Des facilités de paiement sont aussi offertes par les gynécologues, qui se trouvent quotidiennement confrontés à des patientes incapables de faire face à leurs dépenses de santé.
Tout est donc bon pour ne pas faire fuir le patient et l’inciter à se faire soigner.
Ainsi, dans d’autres établissements hospitaliers, il suffit d’avoir sa dernière déclaration de revenus et une carte d’identité pour obtenir la “carte or” de la clinique. Elle offre la possibilité de payer en dix-huit mois les soins et les interventions, avec un taux d’intérêt réduit.
La plupart des cliniques et des cabinets médicaux ont perdu 20 % de leur chiffre d’affaires depuis la fin de l’année 2009.
La crise qui s’abat sur la Grèce a donc des effets immédiats sur la médecine. De nombreux médecins offrent ainsi une consultation gratuite pour trois consultations payantes.
Vous voyez… on peut toujours s’arranger