Après la crise financière, la crise agricole Comme toujours Nicolas Sarkozy y va d’une phrase choc lors du salon de l’Agriculture. Il faut reconnaître que c’est mieux que l’an passé et son célèbre "Casse toi pauvre con". Pour autant, son discours n’a pas rassuré les agriculteurs qui restent très inquiets pour leur avenir. En une année, les agriculteurs ont vu leurs revenus baisser d'un tiers. Les producteurs laitiers, les plus touchés par la baisse des cours, ont, quant à eux, vu leur revenu s’effondrer de 50 %.
Pour les rassurer, Nicolas Sarkozy a voulu jouer les sauveurs. "Je ferai pour l'agriculture française ce que nous avons essayé de faire pour la crise financière". Vu le résultat, je ne sais pas si cette annonce a vraiment dû rassurer les agriculteurs.
Un secteur stratégique Comme ses prédécesseurs, Nicolas Sarkozy mise tout sur les subventions. "L'argent sera là pour financer tout ce qui vous permettra de passer le gros de la crise", déclarait-il devant les représentants des organisations agricoles. Dans l'immédiat, il a indiqué que l'enveloppe de prêts bonifiés d'un milliard d'euros annoncée en octobre pour le soutien à la trésorerie des agriculteurs était augmentée à 1,8 milliard.
De même, il a porté à 150 millions d'euros les fonds, prévus à l'origine pour 100 millions, destinés à aider les agriculteurs les plus endettés à faire face à leurs intérêts d'emprunts. Si l’agriculture demeure autant sous perfusion s’est qu’elle demeure un secteur clé pour l’économie française.
Mais cela risque de ne pas suffire. La réforme de la Politique agricole commune, prévue en 2013, inquiète énormément les agriculteurs. La baisse des subventions européennes risque de peser lourdement sur l’agriculture française. Pour faire face au phénomène, le gouvernement français souhaite explorer de nouvelles voies. Il souhaite mettre en place des préférences communautaires.
"Il est anormal qu'on continue à importer en Europe des viandes de pays qui n'ont aucune règle de traçabilité. On est souple sur la question des subventions mais on sera rigide sur la question de la préférence communautaire et la question des prix" explique Nicolas Sarkozy lors du Salon de l’Agriculture.
Le mal est avant tout structurel Mais ces mesures conjoncturelles ne seraient répondre à un mal qui beaucoup plus structurel. Le marché français est trop fragmenté. Les producteurs doivent se regrouper et structurer leurs filières s’ils veulent être en mesure de mieux négocier face à la grande distribution. Dans ce sens, Nicolas Sarkozy s'est prononcé pour une modification du droit de la concurrence pour l'agriculture. Selon lui, l’interprofession doit être en mesure de fixer un prix sans que l’on crie au cartel. Deux poids, deux mesures, donc.
L’agriculture française manque de compétitivité. Face aux pays en développement, ses coûts de revient sont beaucoup trop élevés. Pourquoi alors ne pas se spécialiser sur du haut de gamme, comme ce qui se fait dans l’industrie. Avec la mode du durable, l’agriculture française pourrait se lancer dans l’agriculture respectueuse de l’environnement. Le prix de revient serait supérieur mais justifié par une qualité plus forte.