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De quelle nature sont nos maux ? Sinon cette incroyable descente aux enfers, imposée par la juxtaposition de nos egos…
Dans cet agencement de la culture, les réseaux d’influence, les copinages priment sur le travail de l’œuvre…
Une telle organisation a ses papes, ses gourous, ses larbins, aussi.
C’est un ciel qui ne tourne que pour lui-même, avec ses étoiles, ses galaxies, et ses soleils.
Bien sûr, tout le monde rêve d’être un soleil, et d’avoir une telle attractivité que de multiples astres viennent graviter autour…
Cette manifestation chaotique se fiche de la canopée où bruit une vie joyeuse et insouciante, où l’humanité se façonne, bien loin de ces forces tectoniques capables de générer leur propre destruction…
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Les réseaux poétiques et culturels fonctionnent, hélas de la sorte…
Beaucoup s'affirment même de gauche, ou écolo, mais soignent d'abord leur ego, quitte à se compromettre avec le pouvoir en place en mendiant les maigres subventions que ces derniers sont prêts à leur allouer, achetant par là même leur silence et le silence du peuple.
Pendant que les saltimbanques invitent ce dernier à rêver en d'illusoires horizons, les coups pleuvent et le découragement gagne.
Si j'ai repris la plume pour écrire, chaque jour, inlassablement, sur cette putain de toile de hasard, c’est qu’il s'agit de fomenter l'insurrection des consciences capable de renverser l'ordre des choses…
Je lis et relis, Camus, Aragon, Char. Tous ont été des ferments d'espérance alors que tout semblait perdu. Ils ont pris parti, avec leur plume pour hisser leurs concitoyens à un autre niveau, non pour l'endormir.
Il est de notre devoir d'écrire, au risque de n’envoyer que bouteille à la mer, face au matraquage médiatique et aux pauvres gesticulations de ces artistes qui s'intronisent comme tel, oubliant que seule la postérité peut se porter juge de notre place parmi les hommes…
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Engagement : le mot fait si peur dans le courant du conformisme ambiant.
Derrière le mot, on ne voit qu’une vague inféodation à des idées, à des partis, syndicats, religions ou autres groupements d’obédience sectaire…
Le sectaire commence dès lors qu’il met son engagement au service de ces astres morts que sont les chefs, les présidents, les médaillés de la vaine gloire…
L’engament est d’une autre nature : il est de cette capacité à observer, depuis les collines qui dominent la ville, le mouvement des Hommes et d’en noter le sens illisible.
L’engagement n’est pas aux côtés d’une cause, mais au-devant de l’humain…
En ce sens, ceux qui en dénient l’existence au nom de leur refus d’une « politisation » de leur discours, ne font que s’engager contre…
Ils en oublient le courant, ouvert dès leur naissance, qui les mène avec assurance à leur trépas, et qui les engage dans la vie.
Le reste n’est que question de choix, ou de refus…
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Rien ne sert de briller,
Ni d’être entouré de myriades étoilées.
Encore faut-il se mettre à l’œuvre,
Sans autre soucis que de l’écrire.
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Manosque, 7 février 2010
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