(France-Guyane)
Aventures, Thriller
Réalisé par Marc Barat
Avec Tony Mpoudja (Rodrigue dit Rod), Julien Courbey (Gonz), Sara Martins (Yann), Jimmy Jean-Louis (Myrtho)
Durée : 1h30
Note : 16/20
La petite histoire : Après dix-huit ans d'absence, le jeune Rodrigue dit Rod quitte Paris pour retrouver sa Guyane natale, suite à la mystérieuse disparition de son frère aîné, Myrtho, accompagné du jeune Gonz, son meilleur ami. La découverte d'un terrible secret de famille va l'entraîner dans une quête afin de découvrir les raisons de la disparition de Myrtho. Il rencontrera Yann, jeune guide de tourisme écologique qui tente de se battre contre les ravages de l'orpaillage clandestin. Avec Gonz, ils vont se retrouver dans la forêt guyanaise, au coeur des dangers du monde des orpailleurs clandestins...
Pour son premier long-métrage, Marc Barat réalise une oeuvre magnifique et émouvante, qui est le parfait reflet de tout l'amour du réalisateur pour son pays.
A travers Orpailleur, film dense et thématiquement riche, Marc Barat dénonce une réalité guyanaise très mal connue, qui est celle des saccages de l'orpaillage clandestin sur l'environnement et les populations amérindiennes qui peuplent le haut Maroni.
Il était d'ailleurs en compétition au Festival du Film d'Environnement de Paris en novembre dernier.
Aux moyens d'un septième art qu'il pratique merveilleusement bien, pour informer le public sur une situation écologique catastrophique, Marc Barat réalise un véritable thriller à la mise en scène brillante, doté d’un casting
excellent.
Sur le plan esthétique, c'est également une réussite, avec une photo superbe et une bande originale envoutante. La flore guyanaise a rarement été aussi bien filmée, avec des plans d’une rare beauté. La forêt est un véritable personnage à part entière du film.
Film émotionnellement intense, Orpailleur aborde la famille avec ses travers et ses richesses, la force d'une amitié même quand celle-ci est attaquée de toutes parts, ou encore le malaise habituel qui existe entre les "négropolitains" et ceux qui sont restés au "pays" : tout cela donne une grande crédibilité au scénario. Orpailleur est un film très réaliste. Par exemple, le lieu de tournage du fameux Camp Rouge est un véritable site d'orpaillage clandestin, laissé à l'abandon.
Tony Mpoudja et Julien Courbey (qui a reçu le prix du meilleur acteur au Festival du film francophone d’Angoulême pour ce rôle) forment un duo attachant, qui sera le parfait reflet de cette folie obsessionnelle qui gagne les hommes au son des tintements des pépites du précieux métal. Ce métal doré aura scellé le destin de la famille de Rod, le laissant avec des blessures aussi profondes que celles que les orpailleurs ont infligées à la forêt. Tony Mpoudja a totalement intégré la détresse latente de son personnage et l'interprète merveilleusement bien. Dans le rôle de Yann, cette jeune guide, courageuse et décidée, Sara Martins est toujours aussi juste et lumineuse.
Jimmy Jean-Louis marque ce film par son charisme et son talent. Il donne à Myrtho une dimension énorme. Le premier plan où il apparait à l'image est à la fois sobre et saisissant.
En plus du Festival du Film d'Environnement, Orpailleur était en compétition à la Mostra de Sao Paulo ou encore au Festival du Film Français de Richmond aux Etats-Unis.
Orpailleur dénonce les graves méfaits de la quête effrénée de l'or, mais Marc Barat avec ce premier long métrage nous emmène avec lui sur la route de son Eldorado.