« Kolyma znatchit smert » (« Kolyma veut dire mort »)
Kolyma comme Auschwitz comme Dachau comme Rwanda comme Arménie. Mort massive, industrie de mort, culture de mort. Mort industrialisée, mort mise en culture. Je suis bien certain qu'aucun livre d'histoire dans nos collèges et lycées de France ne parlent de La Kolyma. Pendant plus de vingt ans, de 1932 à 1953, les dirigeants soviétiques ont envoyé à la mort des millions de prisonniers dans un bagne extrême, total, inaccessible à la plus infime parcelle d'humanité.
Des montagnes d'or furent extraites dans des fleuves de sang, des torrents de souffrance. Je ne veux pas m'étendre ce soir. Ni ce soir, ni demain, ni jamais sur ce qui s'est passé à La Kolyma. J'en ai marre des hommes, de leurs systèmes politiques nécromanciens. De leur absolue et totale aptitude au pire, à son institution, à sa gestion, à son organisation, à sa perpétuation.
Je voulais juste porter ce nom maudit à la lumière de tous, c'est à dire à la lumière du jour. C'est à dire accomplir ainsi par la mémoire, oeuvre modeste, pathétique, dérisoire, mais pourtant essentielle de résurrection des morts.
Je porte la Kolyma comme je porte Auschwitz. Nous sommes tous dépositaires de l'horreur, des crimes contre la Vie, comme nous avons tous un droit absolu à être récipiendaires de lumière, de bonheur.