La popularité de Pecresse qui ne progresse pas dans sa région
A quoi faut-il imputer les médiocres résultats de sondages ? Le certain ennui qu’inspirent aux Français ces élections n’a en tous cas pas favorisé Valérie Pécresse. La campagne menée jusqu’à présent l’a même desservie en termes d’image. Si le niveau de popularité des têtes de listes n’a pas été chamboulé entre le début de la campagne (sondage Ifop d’octobre 2009) et maintenant (sondage TNS de février 2010), il a progressé pour les têtes de listes de gauche. Jean-Paul Huchon (50%, +6) et surtout Cécile Duflot (34%, +8) ont engrangé des gains de popularité, tandis que Valérie Pécresse n’a pas réussi à tirer son épingle du jeu (43%, -8). La candidate UMP souffre notamment d’un réel déficit d’image chez les jeunes : seuls 23% des jeunes franciliens ont une bonne opinion de la candidate UMP. Les mouvements sociaux dans les universités ont sûrement contribué à écorner son image, mais il n’est pas improbable que son « style » ait également contribué à la discréditer auprès de cette classe d’âge.
Huchon, favori des classes moyennes
Pourtant, Valérie Pécresse aurait tout à gagner d’une montée en puissance de la campagne régionale et d’une plus grande portée des débats de fond. Elle pourrait en effet capitaliser sur le terreau d’insatisfaction existante dans la région. Selon l’Ifop, près de 4 Franciliens sur 10 estiment qu’on vit moins bien en Ile-de-France que dans les autres régions. Toute une palette de difficultés pèse sur le quotidien de nombreux habitants : pénurie de logements, pénibilité des déplacements entre le lieu de travail et le domicile, insécurité, pollution, coût de la vie, banlieues assimilées à des ghettos ou inégalités sociales. Des inégalités d’autant plus insupportables que la région, produisant à elle seule 30% de la richesse nationale, est la plus riche d’Europe. Le sentiment que la vie serait plus facile dans une autre région est davantage partagé par les catégories populaires (53% des ouvriers), les premières à souffrir de ces difficultés. D’ailleurs, les milieux populaires ne se mobilisent pas en faveur de Jean-Paul Huchon : les ouvriers seraient même plus nombreux à voter pour Valérie Pécresse que pour Jean-Paul Huchon au premier et au second tour. En revanche, le PS arrive en tête chez les employés et les professions intermédiaires (respectivement des écarts de 26 et 18 points) : il apparaît donc comme le favori des classes moyennes.
Un contexte politique national plombant
Mais les résultats de la liste UMP ne peuvent se comprendre sans évoquer les nombreux ressorts électoraux qui échappent aux candidats. Le contexte national ne facilite pas la tâche de la liste Pécresse : la popularité de l’exécutif, ne cessant de se dérober, attire les mécontents vers un vote sanction. La méconnaissance des prérogatives de la Région et de l’action du Conseil régional favorise la prise en compte des préoccupations nationales devant celles directement liées à l’enjeu du scrutin : 45 % des Franciliens vont se déterminer avant tout sur des considérations nationales. En revanche, Valérie Pécresse ne peut pas espérer un vote sanction équivalent à l’encontre du Conseil régional sortant. Celui-ci bénéficie en effet d’un bilan jugé positif (57%), naturellement auprès des franges électorales de gauche… mais également chez la moitié des sympathisants UMP ! Seules les personnes sans préférences partisanes, les moins politisées, c’est-à-dire celles qui pourraient le plus s’abstenir le jour de l’élection, sont minoritaires à juger le bilan de Jean-Paul Huchon satisfaisant.
Enfin, l’UMP en Ile-de-France pâtit également d’une réelle faiblesse liée au panorama politique actuel : l’absence de réserves de voix pour le second tour. Cette problématique a été masquée lors des élections européennes par le mode de scrutin à la proportionnelle à un tour. Mais, avec le scrutin majoritaire utilisé pour les élections régionales, le second tour pourrait être désastreux pour la droite. Ainsi, selon le dernier sondage Ifop, la liste UMP caracolerait en tête (32%) au premier tour, mais le PS et Europe Ecologie recueilleraient également des scores importants (respectivement 25% et 15%). Le Modem, pourtant favorisé dans une région où la sociologie correspond de son électorat, avec une population jeune et plus diplômée que la moyenne, sortirait assommé de ce scrutin (5%). Et, la pole position de l’UMP au premier tour ne serait qu’un leurre car, finalement, le parti ne disposerait plus de voix de réserve pour arracher la victoire au second tour (45% contre 55% pour la liste Huchon). Le système politique apparaît donc déséquilibré par l’absence d’un puissant parti de centre droit, capable de capter des voix avant de les dévier vers l’UMP au second. Un schéma qui pourrait se reproduire dans de nombreuses régions et dans des échéances futures. Les régionales de 2010, répétition de la présidentielle de 2012 ? Ce qui est sûr, c’est que les régionales de 2004 n’ont en rien été annonciatrices des résultats de 2007.