UNE JOURNÉE AU COEUR DE LA RBMA 2010 À LONDRES
08/03/2010 · Laisser un commentaire
La première fois que j’ai entendu parlé de la RBMA (Reb Bull Music Academy), c’était en 2007. J’étais tombée par hasard sur une compilation de morceaux faite par les participants de l’édition de Montréal. Quelques mois plus tard, je découvrais qu’un français Onra avait participé à l’Académie de Barcelone. Après quelques recherches sur le net, j’étais littéralement tombée sous le charme du concept : sélectionner des aficionados venus des quatre coins du globe et leur permettre de suivre les enseignements de leurs pairs durant quelques semaines dans une sorte de temple dédié à la musique. Et cette année, j’ai eu mon aussi la chance de vivre à ma façon cette expérience… Une expérience intense et riche en émotion.
« J’adore les freak. Dans mon entourage, tous les gens que j’aime vraiment sont bizarres… Ici, c’est la normalité d’être différent » Le gars du sous-sol qui monte des vidéos pour le site de la Red Bull Music Academy la nuit.
Midi, quelque part dans Londres. Je suis tellement excitée à l’idée d’aller à la RBMA et en même temps, je redoute. Peut-être serais-je être déçue ? Pas le temps de trop penser, il faut s’y rendre. Après une bonne heure de galère pour trouver le bâtiment, je mets enfin les pieds dedans. De l’extérieur, impossible de savoir que c’est ici. Mais lorsque l’on passe la porte, on se retrouve dans un immeuble complètement dingue, peuplé de gens perchés qui vivent musique.
Le rez-de-chaussée est divisé en deux parties : un côté détente avec des canapés, des platines vinyles, des ordinateurs ; un côté réfectoire où tous les repas sont pris. Ici, tout le monde se parle, se découvre. Tu peux te retrouver à déjeuner à la même table que les mecs de Cluster – pères de la musique ambiante/électronique allemande – ou trinquer le soir venu avec un parfait inconnu qui bosse en fait pour Laid Back.
Au premier étage, sont installés les huit studios où les participants peuvent venir 24 heures sur 24 faire de la musique. Il y a aussi les locaux de la radio Red Bull Music Academy qui émet dans Londres et dont les émissions sont en ligne sur le web et surtout, une pièce gigantesque où tables de mixages, guitares, claviers…sont à la disposition des heureux élus.
Le deuxième est investi par la Red Bull team. Et ils sont au total 90 – des chauffeurs à la com’ – à travailler sur ce projet. Une dizaine de personnes sont confinées dans un espace à part. Il s’agit des journalistes en charge de réaliser le Daily Note, quotidien distribué dans toute la ville. À cet étage se trouve aussi la salle des lectures : un espace cosy où deux fois par jour des artistes de renommée internationale s’installent pour parler de leur musique avec les académiciens.
Première claque. Je voudrai toucher tous ces instruments, juste pour les sentir, m’asseoir dans chacun de ces huit studios, juste pour observer les autres créer, assister à toutes les conférences, juste pour avoir la tête pleine de nouveautés… Il est déjà temps d’aller écouter Roots Manuva venu parler des débuts du rap en Angleterre et de son parcours. Après un déjeuner sur le pouce, direction la salle des lectures.
« What do you think you can get out of this ? » Roots Manuva aux participants.
Début de la conférence. Dans la salle, une trentaine de personnes attendent avec impatience que le journaliste lance le débat. Roots Manuva, lui est venu avec une idée en tête, savoir ce que les participants pensent concrètement pouvoir retirer de cette expérience. Les questions s’enchaînent. L’artiste répond avec une pudeur certaine. L’audience est médusée surtout lorsque l’intervieweur passe des morceaux. Les yeux se ferment, les têtes dodelinent, les esprits se lâchent. Je les observe. J’écoute la musique mais je ne veux rien rater alors je préfère les regarder. C’est bizarre et troublant. Pour une fois, il n’y a que des artistes dans la salle et les petits nouveaux écoutent les confirmés avec beaucoup d’attention. Après un long entretien, c’est au tour des participants de converser avec le emcee. Le micro passe de main en main. Lunice de Montréal et ses copains sont conscients de la chance qu’ils ont. Comme il le dit c’est comme s’il rêvait éveillé alors il faut en profiter un maximum. Et ces échanges déclenchent une émulation incroyable. Nombreux sont ceux qui se ruent dans les studios après avoir écouter Dam Funk, Jay Electronica ou Henrik Schwarz…
Quelques minutes après ces deux heures d’interview, ça résonne dans tous les sens au premier. Les académiciens sont dispersés dans les studios et créent ensemble de nouvelles sonorités. Homeless Inc. de Madrid se lance dans une composition hypnotisante pendant que Monsosylabbikk de Pologne installe son matériel. En face, Robin Hannibal, l’une des personnes de la team – présente pour aider les participants à découvrir de nouveaux logiciels ou à composer – travaille avec Marco Passarani qui fait également partie du staff. Et tout le monde est plus ou moins musicien ici. Certaines des personnes qui travaillent sur ce projet sont d’anciens participants. Ils viennent d’Israël, d’Allemagne, des États-Unis… le temps de l’Académie.
« A 18h, ils ouvrent le bar. C’est le meilleur moment » Kool Clap, participant français.
En Angleterre, on dine tôt et les soirées commencent dès 19h. Au programme de ce soir, la roller disco party avec Moodymann et une soirée dubstep au Tbar. Il ne va pas falloir trop tarder pour ne rien louper. Seulement voilà, les conversations s’éternisent : les mecs de l’accueil, des types croisés dans l’immeuble, les vigiles, les participants…Ça parle de tout et de rien : des boutons de veste de l’un que je trouve sublime et que le type est prêt à m’offrir au dj set du japonais Daisuke Tanabe que j’ai loupé. Résultat, j’en oublie Dukan et on passe deux heures assis à une table à refaire le monde. L’immeuble se vide. Les participants très disciplinés sont déjà tous presque partis. Il reste toutefois quelques personnes et la musique commence à résonner très fort au rez-de-chaussée. On finit par partir. Direction le Tbar. Là-bas, je retrouve certains des académiciens et fait la connaissance de Monsosylabbikk de son vrai nom Philipp. Il vient de Pologne et aime le jazz. Toute de suite, ça colle entre nous. On discute pas mal. Ce type est super cool. Du coup, on se retrouve avec d’autres académiciens dont un russe et un portugais à passer le reste de la soirée ensemble. Mais c’est comme ci ce soir-là, on était à contre-temps. On part du Tbar alors que le soirée ne fait que commencer et lorsque l’on arrive à la roller disco, Moodymann a presque finit son set – moi qui était tellement contente de le voir jouer à Londres. Ça ne va pas m’empêcher de chausser des rollers quatre roues et de me lancer sur la piste. Les débuts sont difficiles et après quelques tours dans ma robe vintage assez longue, je trouve ma tenue très inconfortable pour patiner. Je décide donc de repasser sur du plat. B.Bravo, originaire de San Fransisco prend alors les platines. Non loin, les autres académiciens observent avec beaucoup d’admiration. Car c’est ça aussi la RBMA, un rassemblement de jeunes artistes tous très talentueux qui apprennent énormément les uns des autres. Moins d’une heure plus tard, les vigiles nous font signe de partir. Déjà, il est à peine 2H ! Avec mes nouveaux amis, nous décidons donc de retourner au Tbar. Je suis dans une voiture, je ne connais pas grand monde, je sais juste qu’il bosse tous de près ou de loin pour l’Académie. On finit donc pas arriver. À l’intérieur, c’est le Pôle Nord. La salle du haut n’est pas chauffée et impossible d’y rester plus de dix minutes même avec un manteau. Au sous sol, la musique me donne envie de vomir – je crois que j’ai vraiment du mal avec la dubstep, trop violent. Finalement, il est peut-être l’heure d’aller se coucher. On se quitte tous, on se dit au revoir. Je ne sais pas qui est qui… Mais l’important, ce n’est pas de savoir comment ils s’appellent, d’où ils viennent et ce qu’ils font exactement, l’important c’est qu’on a le temps d’une soirée vécu ensemble l’expérience de la RBMA.
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