L’actualité de la semaine passée a mis l’Égypte sur le devant de la scène pour de bien mauvaises raisons. Mais qu’est-ce qui a bien pu passer par la tête du
gouvernement égyptien pour décréter d’un coup qu’il était indispensable d’abattre les quelques 300 000 porcs élevés par la minorité Copte ? Je ne peux pas raisonnablement penser que le ministère
de la santé craignait à ce point le virus H1N1. Non, il y a fort à parier qu’il s’agissait plutôt d’un geste de politique intérieure qui avait pour but de caresser dans le sens du poil (de la
barbe ?) les influents Frères Musulmans (pourtant « démocrates »), quitte à taper, une fois de plus sur les 8% de population chrétienne déjà largement victimes au quotidien d’humiliations et de
vexations…
Tout le monde sait, il suffit de lire un journal, que la grippe « porcine » ne se transmet pas du porc à l’homme. Mais justement, pour lire un journal, il faut d’abord savoir LIRE, et c’est là où
le bât blesse. Car l’Égypte souffre d’une pauvreté endémique et de son corollaire obligé : le manque d’éducation et d’instruction. Les deux principaux facteurs qui font le lit de l’intégrisme. La
pauvreté entretenant la révolte, et le manque d’instruction rendant les thèses simplistes crédibles auprès des esprits peu instruits. Attention : je fais bien ici la nuance entre l’Islam «
radical », belliqueux, obscurantiste, voire parfois terroriste et l’Islam tout court qui, comme tous les grands monothéisme est une religion de sagesse, de tolérance et de partage, basée sur de
vraies valeurs spirituelles.
Pardon pour ces digressions, peu en rapport avec le sujet de ce blog, mais, voyez-vous, chaque fois que je visite un pays, j’emporte toujours un peu de sa terre dans mon cœur. De sorte
qu’ensuite, lorsque j’en entends parler, je me sens fatalement concerné…
Le Caire, paysage urbain
Et pourtant, l’Égypte possède tellement d’atouts : un patrimoine culturel et touristique exceptionnel, des
sols fertiles et de l’eau douce, une production d’énergie (hydroélectricité) grâce aux barrages sur le Nil, une capitale, Le Caire, largement tournée vers la modernité sans trahir son identité,
comme le montrent les images qui suivent.
Voici un aperçu rapide du graphisme et de la publicité en Égypte :
(un grand merci à Najia pour les traductions)
Mondialisation (1) : Coca-Cola, pionnier en la matière
Mondialisation (2) : Mac Do, évidemment
Mondialisation (3) : Crédit
Agricole.
J'avoue que celle-là m'a fait rire.
Le mannequin est roux, pas vraiment le type égyptien et il tient dans sa main ses clés de voiture,
Sous-entendu : "Au crédit Agricole tu peux t'endetter pour acheter ta voiture et ainsi rejoindre les 20 millions d'habitants du Caire qui perdent plusieurs heures par jour dans les
embouteillages. Et p'têt même que du coup, tes cheveux ils vont éclaircir."
Mondialisation (4) : Seven Up
Détail troublant : la femme, dans la publicité égyptienne, n'est pas voilée
(alors que dans la rue, elle l'est)
Bon, trêve de plaisanterie, en
général, une "vraie" pub égyptienne ça ressemble à ça.
Panneau gauche : Entreprise Mario électronique Sony
Panneau droite : Biladouna Prêt-à-porter - Ventes publiques
J'adoooooore cette devanture de
magasin :
YASMINA - Produits de maquillage, jouets pour enfants, poupées, photocopieuses.
Signalétique :
Autobus - Arrêt à droite
Regardez-bien cette enseigne. En haut, on voit
les trois lettres C-G-T.
Calmez-votre joie, dessous il y a écrit : Société Orientale des Entreprises Financières
Étonnant, non ?
Affiche de film :
Docteur Silicone
NDLR : Le Selikon est également un médicament de type Viagra
Pas sûr que ce film soit du goût des frères musulmans !
Le même comédien, dans un film
intitulé : RAMY le manifestant
Au fait, Saddam Hussein n'est pas
mort : il joue apparemment dans des télénovelas égyptiennes…
…Et avant cela, il avait
servi de modèle pour cette animation 3D de consignes de sécurités d'Egypt'Air
Ma pub préférée...
Ah, c'est sûr, on n'en a pas des comme ça en France ! Vous imaginez la même avec la tête de Sarkozy
à la place de Moubarak, et la tour Eiffel à la place des Pyramides ? Trop beau !
Pour conclure, je dirai qu'il est un peu dommage que les publicitaires orientaux se bornent trop souvent à imiter les codes de la communication occidentale, pas
toujours de façon très heureuse.
L'écriture arabe est d'une grande beauté et peut se décliner en de multiples calligraphies et couleurs. Il existe également tout un répertoire graphique, géométrique, très utilisé en
architecture mais rarement dans les supports de communication visuelle. À mon humble avis, la communication et la signalétique des pays orientaux y gagneraient vraiment à
s'inspirer davantage de la richesse de leurs particularités culturelles.