Comment nommer une exposition de photographies où on ne voit pas de tirages, mais seulement des projections de diapositives aux murs ? Après la première surprise, on se souvient des projections de photos sur plaques de verre aux débuts de la photographie, ou du contexte académique quand des photographes y présentent leur travail à des étudiants, ou des conférences-performances de Pierre Leguillon. Dans une salle obscure, quatre projecteurs montrent une quarantaine d’images de Valérie Jouve : c’est l’exposition annuelle des étudiants du Master ‘curatorial’ de l’université de Rennes, qui chaque année, présentent le travail d’un artiste (précédemment Martha Rosler, Victor Burgin, Christian Marclay et Sarkis) et publient à chaque fois un livre dense sur le sujet. Et l’exposition a pour titre ‘Expositions temporaires’ (jusqu’au 9 avril).*
Etrangement, il m’est alors revenu un souvenir de la règle monastique idiorrythmique aux premiers siècles du christianisme, règle que cénobites et bénédictins épris d’ordre et de discipline ont vite fait disparaître : idiorrythmique (ou idiorythmique) désigne un système où chacun suit son rythme propre, où les moines mènent une vie solitaire de prières, mais se retrouvent parfois pour une liturgie commune, où il n’y a pas d’abbé, mais seulement des anciens. Ce concept religieux oublié fut redécouvert par Roland Barthes dans sa leçon inaugurale au Collège de France ; il s’applique fort bien à la danse postmoderne américaine (Deborah Hay par exemple).
Un voyage à Rennes est aussi l’occasion de voir un autre travail de Valérie Jouve, au tréfond du parking Charles de Gaulle : ensemble de panneaux décomposant l’image d’un arbre devant un immeuble, avec cette discrète mention en bas à gauche.
* Leurs collègues à l’Université de Sud Californie, eux, réaccrochent les collections du musée.
Photos 1, 2 et 3 courtoisie du Master Professionnel Métiers et Arts de l’Exposition, Université Rennes 2 - Haute Bretagne et Galerie Xippas. Photo 4 de l’auteur. Valérie Jouve étant représentée par l’ADAGP, les reproductions seront ôtées du blog à la fin de l’exposition.