Si vous avez lu 99 francs, vous vous rappelez sans doute des dernières pages assez effrayantes. 4 ou 5 pages de slogans, en lettres capitales, qu'on lit en ayant la musique de ces slogans dans la tête. Ça ressemble à VENEZ CHEZ CONFORAMA LE PAYS OÙ LA VIE EST MOINS CHÈRE TOTAL VOUS NE VIENDREZ PLUS CHEZ NOUS PAR HASARD L'OR DE MAISON DU CAFÉ SANS DOUTE LE MEILLEUR CAFÉ DU MONDE SEGA C'EST PLUS FORT QUE TOI RENAULT CREATEUR D'AUTOMOBILES AIR FRANCE FAIRE DU CIEL LE PLUS BEL ENDROIT DE LA TERRE
etc.
Logorama part du même principe, mais en visuel. Ce court-métrage propose une ville qui ressemble fortement à Los Angeles composée uniquement de logos, tout comme les personnages. On y croise Ronald McDonald, Mr Pringles, la flamme Total, les bibendums Michelin et les papillons Microsoft... Les montagnes sont siglées Evian, le zoo est peuplé par Tux le pingouin Linux, le lion Goldwyn-Mayer, les motos sont des logos du film Grease... Le pire dans tout ça, c'est que dans certains plans on ne voit plus les logos tant certaines villes sont exactement comme Logorama : construites par et pour des marques. Les réalisateurs se vengent de la laideur inhérente à cette forme d'urbanisme en noyant tout dans une merde noirâtre. Mais je ne vous en dis pas plus que ce résumé :
Une course poursuite effrénée, des animaux sauvages lâchés dans la ville, une prise d’otage qui tourne au drame… et bien plus encore dans LOGORAMA !
Logorama est un régal visuel. Sa récompense aux Oscars pour le meilleur court-métrage d'animation n'est que justice. Pour visionner ces très belles 17 mn c'est sur le site officiel. Ci-dessous, quelques images extraites du film.
Cela éveille en moi 2 échos :
- Comment la France est devenue moche, l'article de Télérama (dont j'avais parlé dans ce billet) ;
- Une définition de la suburbia, cette ville qui s'étend à l'infini, toute plate, par JG Ballard (l'auteur de Crash et l'Île de béton).