Valoriser les déchets de la mer : les coproduits
Un déchet pour une entreprise, un consommateur n'est pas forcément un déchet ultime et peut se transformer en "or". Base du recyclage, il y a bien toujours une utilisation possible avec des produits dont nous n'avons pas besoin.
Estelle Le Bihan rappelle au quotidien Ouest-France, comment tout a commencé : « avec les seiches on mange le blanc, le reste part à la poubelle : os, tête, viscères. J'ai voulu travailler sur ces déchets, appelés coproduits, pour en faire quelque chose. Les valoriser. » C'était pour sa thèse, menée à l'université de Caen, au laboratoire de physiologie et écophysiologie des mollusques marins. Depuis, la jeune chercheuse en biologie a fondé son entreprise, Ivamer (trois salariés).
« Lors de ma thèse, j'ai d'abord utilisé une poudre noire issue principalement des viscères. On a commencé par la tester en aquaculture. » Sur des bars, poissons carnivores : 5 % de leur aliment complet habituel a été remplacé par cette poudre. Les résultats se sont révélés plus que prometteurs. Les bars ont atteint le double du poids de leurs congénères nourris de manière classique. Mais ce n'est pas tout : « Cela les rend aussi moins sensibles aux maladies. »
150 000 tonnes par an de déchets à valoriser
La production de déchets (non ultime) pour une entreprise peut se relever lourd a gérer. Pour Ivamer, soutenu par Oséo, son activité principale est d'accompagner les entreprises dans la valorisation de ces ressources. » Cela dans deux directions.- Premier axe : « Les sociétés qui transforment des produits de la mer et vont donc se retrouver avec des déchets, c'est-à-dire des poubelles. Les traiter leur coûte vite cher
: elles ont envie de les valoriser. »
- Second axe : « Toutes les sociétés qui souhaitent utiliser cette ressource : agroalimentaire, cosmétique, BTP, etc. C'est très vaste »
Les coproduits de la filière pêche en France représentent 150 000 tonnes par an, pour l'heure « peu valorisées ».
Les exemples ne manquent pas comme les becs de calamars géants, qui contiennent de la quitine, peuvent servir à fabriquer des fils de suture.
« Beaucoup de choses sont possibles. En France, ce marché est assez récent. Pendant longtemps, les sociétés n'ont pas forcément éprouvé le besoin économique de retraiter ces matières. »
Source : Les déchets de poissons n'iront plus à la poubelle (Ouest-France)