Officiellement sorti aujourd’hui mais disponible à l’écoute (ici) depuis la semaine dernière, j’ai eu le temps de décortiquer pour vous ce nouvel album du groupe le plus visionnaire du 21ème siècle.
Si le coup de coeur avait été immédiat sur leur premier album éponyme (2001), il m’avait fallu un temps d’adaptation plus long sur Demon Days (2005). C’est donc avec parcimonie que j’ai jugé Plastic Beach lors de ma première écoute; car d’entrée de jeu la partie n’était pas forcément gagnée pour Damon albarn et son comparse dessinateur Jamie Hewlett. A la fois perturbé et décontenancé par de nouvelles alliances électro hip-hop alambiquées, cet album m’a d’abord laissé perplexe. Mais dès la deuxième écoute, révélation ! Il fallait se familiariser avec une nouvelle approche musicale plus futuriste et électronique que les précédents albums.
Tout débute avec une intro orchestrale qui campe le décor : du ciel bleu, un grand soleil et la solitude d’une île perdue en pleine mer. Enfin pas si perdue que ça car un grand nombre de guest star y on trouvé refuge. A commencer par Snoop Dog qui, dans un trip electro funk rap, nous souhaite la bienvenue dans le monde de cette plage de plastique (et non dans le monde d’une salope en plastique). S’en suit une agréable escapade orientale avec White Flag malheureusement très vite plombée par un rap peu mélodique sur fond musical de borne d’arcade qui n’a pas su me séduire.
Cette première déception est très vite effacée par le très efficace Rhinestones Eyes avec ses couplets dans la pure tradition pop de Gorillaz surmontés de refrains electro-punk diaboliquement accrocheurs. Et le diable s’invite sur un des morceaux les plus obscurs et sournois de l’album : Stylo. En total rupture avec les précédents allbums, Stylo tout comme Glitter Freeze sont assez difficiles d’accès mais finalement quasi hypnotiques et ce en partie grâce à la voix d’un Bobby Womack comme sortie d’outre-tombe sur Stylo. Bobby Womack qui s’illustre encore en toute fin d’album sur le magnifique et mélodique Cloud Of Unknowing. Beaucoup d’autres morceaux m’ont demandé une écoute acharnée pour les apprécier. Le plus complexe de tous mais sans doute le plus original et innovant est Sweepstakes; sa fusion entre electro et trompettes festives est simplement géniale.
Retour sur une plage d’été avec chaise longue et cocktail à la clé sur l’ultra rafraichissant et futur tube en puissance Superfast Jellyfish. Dans une veine plus zen mais tout aussi détendue, Empire Ants aurait pu être d’un ennuie mortel si en plein milieu elle ne basculait pas sur de la disco pop acidulée, jouissive et planante. Toujours accompagné de Litlle Dragon, on regretterai presque cette dérive loufoque sur la trop calme balade aux accents Hawaïen To Binge et le trop linéaire Broken. Mais sur ce point Gorillaz se rattrape avec Melancholy Hill, une autre balade cette fois-ci dans la plus pure tradition pop anglaise.
Il y a sur cet album un grand nombre de perles, mais ma préférée est sans doute cette incursion de Lou Reed dans l’univers de Gorillaz sur Some Kind Of Nature. Pourtant en total opposition, le spleen si spécifique à la voix de Lou Reed était fait pour entrer en osmose avec les sonorités comico-ludiques du groupe. Une autre rencontre exceptionnelle pour un morceau incontournable aux allures de western sous marin est celle de Mick Jones et Paul Simonon ex-membres des Clash sur Plastic Beach. Toujours dans un registre western, l’album se clôture sur un Pirate Jet à la sauce Enio Morricone avec sa petite corde de banjo et ses sonorités rebondissantes.
Une chanson de fin qui laisse nos héros filer dans le couchant. Simple constat écologique ou réel mot de la fin, Gorillaz nous annonce « It’s all good news now» . Ah! J’aimerai que ces allumés virtuels files vers de nouvelles aventures car oui, malgré son accessibilité peu évidente, cet album confirme toute l’admiration que j’ai pour le travail de ce génie futuriste qu’est Damon Albarn.