Il a fallu 12 ans à Kawabata, de 1935 à 1947, pour achever son roman, Pays de neige,
qui passe pour son chef d'oeuvre.
L'histoire est simple, linéaire : un riche oisif, Shimamura, vaguement écrivain, revient dans le glacial pays du Nord pour retrouver une toute jeune geisha, Komako. Dans le train, il aperçoit une
autre jeune femme, Yoko, dont le regard, aperçu dans la vitre obscure, le fascine... L'on apprendra par la suite que Yoko accompagne un homme Yukio, qui revient mourir auprès de sa mère, et fut
autrefois le fiancé de Komako...
A la simple linéarité du récit s'oppose la complexité des sentiments. Qu'éprouvent au juste, l'un pour l'autre, Shimamura et Komako ? Quels liens obscurs unissent Komako et Yoko ? La première
refuse d'assister à la mort de Yukio, malgré les supplications de la seconde ; et pourtant, à la fin, c'est elle qui ira chercher Yoko évanouie au milieu d'un incendie...
On se laisse prendre à l'énigme jamais résolue de ces personnages, à la beauté des descriptions, cette montagne pure, cette neige magnifique et glaciale, cette société intemporelle, où le seul
élément de modernité est le train brinquebalant qui ramène les voyageurs de Tokyo...