Publié en 2003 au Japon, traduit en 2006, ce gros roman m'est apparu comme une sorte d'OVNI littéraire.... Reprenant les thèmes pourtant antiques du mythe d'Oedipe, il impose un monde étrange,
irrationnel, et pourtant familier...
Un jeune homme de 15 ans fuit sa maison natale pour échapper à la terrible malédiction de son père : "tu tueras ton père, tu violeras ta mère et ta sœur'" (hé oui, on peut faire pire qu'Œdipe !)...
Naturellement, au cours de son errance, il rencontrera une jeune fille très "sororale", une femme dont il tombera amoureux et qui pourrait bien être sa mère, tandis que son père finira
assassiné dans des circonstances mystérieuses.
En parallèle, un vieil homme amnésique part lui aussi, en compagnie d'un jeune homme, après un crime... Nakata, c'est son nom, a-t-il tué le père de Kafka Tomura, le héros ? ESt-il un double de
celui-ci ?
Comme dans les contes de fée, l'impossible survient et nous l'acceptons tout naturellement : Nakata fait pleuvoir des poissons, puis des sangsues qui mettent en fuite un gang de motards ; il parle
aux chats - ce qui ne surprendra que ceux qui ne connaissent pas les chats ! - et Kafka, après sa mort, hérite de ce don ; un jeune homme se révèle être une femme ; un camionneur se transforme en
mélomane, et au coeur d'une forêt, des déserteurs de la Seconde Guerre mondiale ont échappé au temps...
Et le tout, dans l'univers familier du Japon d'aujourd'hui !
Ce qui fait le charme de beaucoup de romans japonais, c'est que le mystère demeure ; les motivations des personnages ne sont pas forcément explicites... C'est particulièrement vrai ici. Il faut se
laisser emporter dans ce monde mi-réel, mi-mythique, où des personnages de publicité, comme Johnny Walker ou le Colonel Sanders surgissent soudain sans que l'on s'en étonne...