Les spécialistes ne sont pas d’accord à propos de l’incident auquel Jésus se réfère. Mais la majorité pense qu’il s’agit de la réaction de Pilate face à une manifestation à Jérusalem. Les manifestants s’étaient rassemblés dans le Temple de Jérusalem pour protester contre l’usage par Pilate de la monnaie du Temple pour construire de nouveaux aqueducs. Pilate envoya alors des soldats en civil, qui, au signal, dispersèrent la foule avec des bâtons, tuant beaucoup plus de monde que Pilate ne l’avait anticipé.
De la même manière, on pensait que les victimes de la chute de la tour de Siloé (certains pensent qu’il s’agit d’une tour qui faisait partie de ces mêmes aqueducs) étaient châtiés pour leurs péchés.
Pour Jésus, l’approche est toute différente. Il assure que tous ceux qui refusent de se repentir (le figuier stérile représente quelqu’un qui ne produit pas des fruits de repentir) sera séparé de Dieu. S’ils meurent dans un tel état d’aliénation (la mort pouvant survenir à tout instant), cette séparation sera définitive, irrévocable :
« Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous comme eux. »
Même si les conséquences de nos actions ne se font pas toujours totalement sentir en cette vie, ce sera le cas à la fin, pour le meilleur ou pour le pire. Les tragédies dont nous entendons parler dans l’actualité (tremblements de terre, inondations, accidents de train et d’avion…) tout autant que dans le passage de l’évangile de ce dimanche, devraient nous rappeler le caractère passager de notre vie sur terre.
Ce n’est pas une vérité agréable à entendre, mais c’est une vérité que l’Eglise nous engage à méditer sérieusement, en particulier durant ce temps de pénitence du Carême. Nous devons nous repentir de nos péchés. Dieu est toujours prêt à nous pardonner, si nous le lui demandons. Nous sommes appelés à vivre en communion avec Dieu à chaque instant, car chaque instant peut être le dernier de notre vie sur terre.
Nous repentir de nos péchés, échanger nos habitudes égocentriques contre des habitudes de don de soi, voilà une nécessité si nous voulons grandir dans l’amitié avec Dieu, mais aussi dans notre vie tout court. Chaque péché, chaque épine d’égoïsme dans nos cœurs, empêche notre épanouissement non seulement en tant que chrétiens, mais en tant qu’êtres humains, tout simplement.
Léonard De Vinci a appris cette leçon quand il était en train de peindre sa fameuse "Dernière Cène" à
Milan. Pendant qu’il travaillait à ce tableau, il a eu un désaccord très amer avec un autre peintre, un ennemi qu’il avait toujours méprisé. Pour donner libre cours à sa colère contre cet autre
artiste, De Vinci n’a pas trouvé mieux que de prendre ce peintre pour modèle pour le visage de Judas, l’apôtre qui a trahi le Seigneur. Léonard De Vinci éprouva un malin plaisir à la pensée de
l’humiliation qu’allait éprouver son ennemi juré quand tous ses collègues reconnaîtraient en Judas ses propres traits, et que cette humiliation traverserait les siècles. Mais voilà, en
travaillant aux visages des autres Apôtres, il essaya en vain de peindre aussi le visage de Jésus.
Alors qu’il n’avait aucune peine à avancer les portraits des autres Apôtres, il ne réussit pas à ébaucher celui de Jésus. De plus en plus frustré et confus, il finit alors par se rendre compte qu’il avait tort. La haine qu’il éprouva envers l’autres peintre l’empêcha de mener à bonne fin le visage de Jésus. Il était incapable de se représenter ce visage dans toute sa clarté. Ce n’est qu’après avoir fait la paix avec son collègue peintre et avoir recommencé le visage de Judas, qu’il était enfin capable de peindre celui de Jésus et ainsi de mener à bonne fin son chef-d’œuvre.
Nous ne sommes pas faits pour le péché, la haine, l’égoïsme. Le repentir nous libère pour que nous puissions voir le Christ et devenir celui ou celle que le Seigneur veut que nous soyons.
Nous avons tous besoin de nous rappeler cette vérité, de l’importance du repentir de nos péchés. Nous devrions tous prier aussi pour tous ces gens qui ne sont pas venus à l’église aujourd’hui, et qui devraient se souvenir de cela autant que nous.
En tant que chrétiens catholiques, nous avons la chance d’avoir à notre disposition une manière très
lumineuse et concrète pour nous repentir, aussi souvent que nécessaire : le sacrement de la confession. Dans ce sacrement, si nous le vivons de tout notre cœur, nous nous blottissons à
nouveau dans les bras de notre Père céleste, ne lui cachant rien, avouant librement notre besoin de sa paternité. La confession ouvre tout grand nos âmes à la grâce du Christ. Elle lui permet
de prendre toute la place qu’il faut pour transformer nos cœurs. Dans la confession, Jésus purifie nos cœurs, guérit nos blessures, et éclaire nos esprits. La confession nous donne l’assurance
du pardon de Dieu et toutes les grâces dont nous avons besoin. La confession, c’est le cadeau de Dieu pour nous, tout autant que l’Eucharistie, le baptême, et l’Eglise
elle-même.
Jésus veut que nous ayons recours à ce sacrement, à la portée de tous, pour vivre en communion avec lui en tout temps. Il veut que nous puissions entendre de nos oreilles, et pas seulement dans notre imagination, ses paroles de pardon et d’encouragement. Si chacun de nous n’avait pas besoin de se repentir, Dieu n’aurait pas eu besoin de nous rappeler l’importance du repentir aujourd’hui. Souvent, et à juste titre, nous demandons à Dieu de faire en sorte que nous soyons heureux. Aujourd’hui, c’est lui qui nous demande de le laisser nous rendre heureux, par le repentir, en nous détournant de nos péchés, de notre égoïsme, en lui permettant de nous serrer dans ses bras. Ne le décevons pas.