Alors qu'il recueille la biographie d'Adam Lang (courageusement retiré sur une île), le Ghost tente de comprendre ce qui a pu attirer en politique cet apprenti comédien, sportif et bon vivant. La politique est davantage que du sport et du théâtre. Elle est aussi faite de quelques coups moins avouables, enfermés à double tour. Qu'est ce qui a incité Lang a vouloir diriger un pays et prendre des décisions internationales lourdes de conséquences, prises de positions que l'on reproche encore à cet homme retiré de la politique ? Adam Lang est plutôt avare en confidences à ce sujet. Le projet d'écriture du Ghost patine. Le Ghost va rechercher de nouveaux indices et faire la lumière sur le passé de l'ancien premier ministre.
Le parallèle avec Tony Blair est inévitable, son implication dans la guerre en Irak, les tortures pratiquées par des agents de la CIA et la construction d'une psychose terrorisme refont surface dans The Ghost Writer. Des critiques de tous bords assaillent Adam Lang qui est contraint de quitter le Royaume-Uni pour... Washington (préféré à la Corée du nord, Israël ou à l'Irak !). Le Ghost aussi est visé, assimilé aux proches d'Adam Lang. C'est ce qu'attestent les grandes baies vitrées de la villa des Lang : La frontière entre l'intérieur et l'extérieur, entre la sphère privée et publique est poreuse.
La satire du monde politique est menée avec beaucoup d'humour de la part de Polanski, nous faisant passer de l'intimité du couple Ruth Lang/Adam Lang à leurs stratégies de communication publiques, vues à travers le prisme des médias. Le Ghost est sollicité pour rédiger un communiqué, ce qui ne manque pas d'air et rend apparentes les ficelles d'une communication, laissée aux mains d'un écrivain ou aux appréciations de la femme de Lang, politicienne de l'ombre et femme fatale (à plusieurs titres).
Le retour de Roman Polanski ne devrait donc pas passer inaperçu, malgré un final un peu expéditif. The Ghost Writer monte progressivement en intensité et en tension grâce à une mise en scène sobre et des acteurs parfaitement dans le tempo. Roman Polanski orchestre un malaise jouissif et plaisant grâce à un équilibre habile trouvé entre univers clos et dérision.