Spécial Régionales 2010 : la France a-t-elle perdu le match?

Publié le 06 mars 2010 par Beniouioui

Si tous les commentateurs sportifs s'accordent à dire que l'équipe de France de football enchaine les matchs catastrophiques, nous pouvons ajouter avec lucidité que l'équipe de France de la politique ne se débrouille pas tellement mieux.

Qui a entendu parler des élections régionales?
Au-delà des batailles de chiffres, des sondages, des petites phrases, qui a entendu réellement un candidat s'exprimer sur un programme? Au-delà même des programmes ou promesses, qui a entendu un candidat s'exprimer sur une vision, une espérance?

Finalement, il y a pas mal de points communs entre le football et le reste de la société...

La France n'a pas d'équipe.
Le débat sur "l'identité nationale", expression sans doute mal choisie, a montré que les français ont du mal à savoir ce qui les soude et que les gouvernants ont encore plus de mal à proposer un corpus commun. Alors que l'Allemagne établit un sentiment national par le sang, la France préfère déterminer une "nation" par le choix. Et si, comme le suggérait Jean-Paul II, une nation se bâtissait sur la culture?

La France détruit sa défense.
L'équipe de France victorieuse en 98 avait tout misé sur son incroyable puissance défensive; aujourd'hui, la défense est trouée. De même, la France de 2010 ne s'appuie pas assez sur ses socles. Elle se perd dans des modes conjoncturelles et noie ses citoyens avec elle. Cela fait combien de temps qu'un ministre de la famille n'a pas évoqué à la télévision l'exemple de la famille traditionnelle? Les ministres successifs prennent des mesures pour toutes les formes de familles (recomposées, monoparentales, homoparentales), parlent de toutes les sortes de familles... sauf de la famille traditionnelle. Et cela rejaillit ou "cojaillit" dans les médias : quelle héroïne de série TV française actuelle a un mari???
Nous pourrions évoquer d'autres "défenses" que sont les différentes institutions subsidiaires qui permettent la transmission : Eglises, écoles, communes; nous ferions le même constat. Or un joueur, qu'il soit de foot ou de vie, a besoin de retrouver son petit groupe dans les vestiaires. Il ne lui suffit pas d'avoir une fédération nationale qui raconte n'importe quoi; il lui faut un entraîneur les pieds dans la glaise. Une famille, une paroisse, une localité qui le construisent.

La France est trop riche. Cela parait choquant de dire cela en pleine crise économique, et pourtant... Les footballeurs millionnaires espèrent des primes de victoire et une gloire qui se transformera en contrat de sponsoring. Mais espèrent-ils porter leur équipe, leur pays, leurs concitoyens vers une victoire joyeuse et fédératrice? Anelka avait avoué il y a quelques mois sa philosophie de vie. Glaçant... Là encore, nous autres français sommes des petits Anelka : nous voulons gagner de l'argent et demandons à nos gouvernants de nous en faire gagner. Mais nous oublions que ce qui rendra joyeux notre pays, ce qui nous rendra tous joyeux ne se trouve pas uniquement dans notre compte en banque.
Lorsqu'un joueur gagne un match, il est heureux. Non seulement parce qu'il a une prime de match mais parce que la victoire fait grandir. Il ne s'en rend pas compte sur le moment, mais lorsqu'il raconte son histoire à ses petits-enfants, il ne leur raconte pas combien il gagnait mais quelle coupe il a gagnée. Ainsi, pour que la société française gagne, il faut qu'elle se construise. Qu'elle gagne en humanité; qu'elle gagne en bien-être; qu'ellle gagne en espérance. Il est impératif qu'elle dépense dans l'immatériel : éducation, culture, famille, ruralité, recherche, écologie, etc.

Alors devons-nous changer l'entraîneur? La réponse footballistique se verra en juin, la question politique se posera en 2012. Mais il est certainement temps de s'intéresser un peu plus aux entraîneurs de petits clubs qui transforment les joueurs de demain. Aux conseiller régionaux qui peuvent agir et anticiper la société de demain.

Pour ceux qui ne savent pas comment voter, BeniNews ne dira rien. Sauf qu'il y a un livre très important qui s'appelle Caritas In Veritate. Son auteur ne semble pas très bon footballeur. Pas sûr d'ailleurs qu'il connaisse ne serait-ce que le nom de Raymond Domenech. Mais la coupe du monde de vie qu'il propose est une compétition positive à laquelle nous devrions tous participer.
Qui s'en rapproche le plus, en cherchant très loin? A chacun de voir.

En tout cas, c'est maintenant qu'il va falloir commencer à jouer !