Quand le club a annoncé en janvier une dette de 715 millions de livres (près de 800 millions d'euros) et l'émission de 500 millions de livres d'obligations, promesse de versement d'intérêts importants, l'impopularité de la famille Glazer, jamais en cour à Old Trafford depuis son arrivée en 2005, a atteint des sommets. Si les protestations en tribunes n'ont jamais troublé les Glazers, il en va autrement des "Red Knights", les "Chevaliers Rouges", association créée en janvier avec l'objectif de racheter un club qui court à la ruine et au déclin sportif, selon elle. L'homme à la tête de ce groupe d'une soixantaine de financiers de la City n'est en effet pas du genre à être pris à la légère. Ancien membre du conseil d'administration du club, né à Manchester et supporteur de toujours, Jim O'Neill est le responsable de la prospective économique de la banque d'affaires Goldman Sachs à Londres. De l'avis d'un spécialiste des reprises de clubs à la Barclays, Henk Pott, cité dans l'Observer dimanche, O'Neill "est un incroyable opérateur, doté d'un formidable carnet d'adresses et en mesure d'attirer de riches investisseurs. Son plan serait de reprendre le club avec ses associés, adossés à un actionnaire principal, et en offrant aux supporteurs la possibilité d'acquérir 25% des actions pour disposer d'une minorité de blocage. Selon les chiffres cités par la presse britannique, le club serait évalué entre 900 millions et 1,5 milliard de livres.Aux côtés d'O'Neill, figure Keith Harris, dirigeant de la banque Seymour Pierce, qui a négocié les rachats de plusieurs clubs de Premier League. "Il y a un élan et cette fois les supporteurs ont l'intention d'aller au bout", dit Harris.
La démarche des "Red Knights" suscite "le soutien sans équivoque" de l'association regroupant les supporteurs, le Manchester United Supporters Trust (Must), selon un de ses porte-parole, Oliver Houston."Nous envisageons un avenir où les supporteurs détiennent une part conséquente de l'actionnariat", poursuit Houston. Depuis le lancement de l'opération, son association est passée de 32.000 à 115.000 membres, en Grande-Bretagne, mais aussi en Asie et au Moyen-Orient. Désormais, dans les travées d'Old Trafford, fleurissent au cou des supporteurs les écharpes jaune et vert, couleurs du club jusqu'en 1902, un moyen d'exprimer leur opposition aux Glazers. "Aussi longtemps qu'ils soutiennent Manchester United, ils peuvent porter ce qu'ils veulent", a commenté l'entraîneur Alex Ferguson. S'il dément s'être engagé à investir ses deniers, l'Ecossais se garde de critiquer les "Red Knights": "Je connais certains d'entre eux, je suis ami avec quelques-uns, et je ne nie pas leur droit à protester".Les "Red Knights" et le Must restent confrontés à un problème de taille. Les Glazers assurent ne pas être vendeurs. "Etant donné que United est la marque sportive la plus attractive du monde, pourquoi donnerions-nous notre accord à une cession?", a demandé cette semaine un de leurs porte-parole. Et d'ajouter: "Sauf à vouloir nous désengager entièrement du sport". [Via]