L’amour avait quitté la pièce, en claquant la porte. Un silence apparu, furtif, un peu distordu, prêt à s’enrouler autour de mon cou afin de me pendre, coupable d’avoir rompu comme un salaud. Mais je n’allais pas me laisser emmener vers la mort aussi facilement, pour si peu de chose. Finir suspendu à un nœud coulant de silence distordu. Certainement pas ! Alors, je fis tinter le cristal de la flûte de champagne. Le silence pusillanime disparu dans les entrailles de la nuit.
Une bouteille de champagne à moitié pleine. Quelle conne ! Elle n’appréciait même pas la finesse des bulles, les arômes subtils d’agrumes et de vieux pain grillé. Me laissé seul avec du Dom Pérignon. Pas maligne la donzelle. J’avais eu raison de la foutre dehors. Une amante efficace au plumard ne justifiait pas tout dans la vie.
A sa place, dans une telle situation, j’aurais fracassé la bouteille sur le rebord de la table, pour me faire souffrir, pour que je ressentis ce que c’était de se faire broyer les tripes, observer anéanti le breuvage s’étaler sur le parquet, comme son corps se viderait de son sang.
Si seulement une once de sybaritisme avait pointée dans son esprit. Au lieu de cela, elle m’offrait l’élixir des Dieux en open bar. Quel talent !
J’allais m’en mettre plein le gosier, faire ribote avec mon trophée, festoyer toute la nuit, fêter la libération. Et même si je finissais bourré, affalé comme une vieille merde sur le canapé, je m’en foutait.
Franchement, ces femmes qui ne pensaient qu’à l’amour n’avaient aucun avenir.