Hasta lu'Ego, de Pierre Godard
Il y a des personnes douées d'intelligence, mais qui, par paresse ou simple facilité, ne cherchent pas à s'élever par l'esprit. Il y a des personnes douées d'intelligence, mais qui, par une forme de déraison, cherchent à sublimer l'être qu'ils incarnent.
La perversité prend toute son importance lorsque le hasard réuni deux individus de ces genres, fabricant ainsi une machine implacable, un bras armé vers l'échafaud.
L'un potentialisant l'autre, ils forment un tout.
Deux branquignols des quartiers glauques se lient d'amitié, plus par habitude que par goût. L'un fait des affaires en pigeonnant des acheteurs de voitures d'occasions douteuses, l'autre se prend pour un esprit sublimé, un EGO dont le corps n'est qu'un transport subalterne, un égal des plus grands ; Dieu lui-même sûrement !
Le goût prononcé pour les femmes plantureuses, les coups foireux et l'envie de devenir riche, vont conduire les deux hommes sur une route où le talent imaginatif du plus sage, va exacerber celui du moins humain, puisque déifié. En chemin vers la gloire et, la pleine direction d'un grand casino, nos compères vont se constituer une équipe d'arsouilles de premier ordre, parsemant leur chemin de quelques cadavres pas très exquis.
L'EGO étant seul au monde, le reste ne résultant que du domaine de l'imaginatif, résout ces soucis d'intendance. Avec sa finesse toute personnelle, il élimine consciencieusement en citant Zarathoustra, pour la rédemption des âmes. C'est là une tâche où son talent est mis en valeur, s'améliorant à chaque opération de persuasion.
C'est un roman policier à l'humour très noir, grinçant et drôle qui se laisse déguster. On en vient même à se demander, parfois, comment parvient à vivre normalement, l'auteur d'une histoire aussi déjantée…
[Le nom Zarathoustra signifie "celui à la lumière brillante" ; c'est le nom avestique de Zoroastre, prophète et fondateur du zoroastrisme.]
Source IN OCTAVO : http://www.inoctavo-editions.com/auteur.php?id_auteur=96
4 ème de couverture:
Un tueur égomaniaque qui récite des tirades de Zarathoustra au moment d’appuyer sur la gâchette et console ses victimes en leur parlant de la migration de l’âme ; une chanteuse digne de se produire à la Scala mais qui refuse de quitter son dancing de banlieue ; un couple de restaurateurs capables de rater la recette des œufs au plat… Je ne serais pas éloigné de croire qu’il n’y a que moi, Barry Blyter –Voitures d’occasion en tout genre– de normal, avec ma passion pour le fric et les femmes. Sauf que je serais capable, pour ce faire, de tuer père et mère, et ça non plus, ce n’est pas bon pour l’équilibre mental.
Pierre GODARD
Pour agir, il faut que les yeux se voilent d'un bandeau d'illusion. F. Nietzsche.
Ingénieur, Pierre Godard a vite fait de conjuguer son penchant pour les sciences avec une passion pour la littérature. Fasciné par la liberté de description inouïe que permettent les mots, il se demande ce qui distingue les mots qui disent vrai de ceux qui mentent. Puisque les uns et les autres sont également possibles, qu’il n’y a aucune règle. Sauf d’écrire dans un français de diamant. Sont-ce les ombres et lumières de sa Saintonge qui donnent à son écriture son saisissant relief, ses fulgurances, sa noirceur ?
Le noir, c’est sans doute, dans Hasta lu’Ego, le ciment de toute construction à prétention philosophique.