Charles BERBERIAN (textes) et Grégory MARDON (dessin) ont signé en 2002 ce tome assez épais en noir et blanc. C'est une sorte d'hommage aux superhéros de DC Comics, le magazine américain qui a fait rêver tant de gosses et qui a véhiculé tant de valeurs patriotiques durant la Guerre froide.
L'HISTOIRE. Emile est un gars qui ressemble au héros de Pilules bleues. Physiquement, donc, il tient (un peu) de Corto Maltese ; psychologiquement, ce serait plutôt Monsieur Jean, quand même. Il a une copine, Géraldine, qui m'évoque quant à elle l'autoportrait de Marjane Satrapi ou bien encore Jeanne Picquigny, mais en moins barrée.
Bref, pour aller à une fête costumée, Emile se trouve un costume de superhéros. Cycloman, vous connaissez ? Paraîtrait qu'il est plus fort que Superman et plus mystérieux que Batman. Quoi qu'il en soit, ses aventures n'ont pas duré longtemps, d'où le costume en soldes.
Là où ça devient étrange, c'est que la frontière entre la réalité et la fiction n'est pas bien nette (l'est-elle jamais ?), et que cette armure de Cycloman est en fait un joujou de l'armée américaine.
Pendant la soirée costumée, Lara Croft vient appuyer sur un bouton de l'armure d'Emile, et Emile se retrouve enfermé dans son armure, subissant les pulsions de sauveur mégalo programmées dans les circuits électroniques de son costume.
Voilà une B.D. très bien dessinée, j'aime vraiment ce trait qui n'est pas bien original mais qui paraît très mâture. Quelques scènes de délire ou d'ébriété font même preuve d'une certaine inventivité visuelle. Ça n'est pas Chris Ware ni Craig Thompson, mais... Emile, avec ses faux airs de Charlie/Waldo, a des expressions faciales variées et qui suffisent à faire sourire. Tout ça est dans un beau noir et blanc. Pour le reste, l'histoire tombe un peu à plat dans la mesure où nos deux auteurs ne choisissent jamais franchement entre hommage et pastiche.
Mais bref : ça se lit bien, c'est distrayant et grand public. C'est déjà pas mal, non ?
154 pages, éd. Cornélius - 18,95 €