Un des films que je préfère de Bertrand Tavernier, datant de 1983. Sabine Azéma y est absolument géniale dans le rôle d’Irène (elle obtint d’ailleurs un César). Un feu-follet de joie et de vie qui bouleverse le train-train de cette journée dominicale en famille : elle décoiffe son papa qui l’adore, asticote ses neveux, câline sa nièce dans des élans gracieux et vifs. Mais sous la joie se cache un chagrin d’amour, une attente dévorante qui la rend absente, puis finalement égoïste (elle se moque des attente des autres, et des bienséances, c’est une femme autonome et indépendante, elle conduit une automobile, mais elle est aussi aveugle à la solitude de son père -ou est-ce le prix de sa liberté ?). En demande-t-elle trop à la vie comme sa mère le lui dit dans l’extrait (passage où Irène imagine ou se souvient des propos de sa mère, décédée au moment de l’histoire) ?
Comme le disait Bertrand Tavernier, dans ce film, tout le monde, par maladresse et par difficultés de communication, se heurte sans le vouloir. Comme souvent en famille sans doute. Le frère, le bon fils (génial Michel Aumont), est au fond lourdaud et peu estimé par son père, auquel il est pourtant pus dévoué que sa soeur. Sa femme est terriblement gentille, mais plutôt simple, elle ne comprend pas l’art et la peinture de son beau-père. Elle l’agace donc, ou au mieux elle l’indiffère. Le père (touchant Louis Ducreux), adore sa fille si pleine de vie mais celle-ci est rare, imprévisible puis insaisissable. Mercedes, la servante, dans l’ombre, observe tout cela, comme nous. La mélancolie passe, comme le temps.
Il faut reprendre le train, et le dimanche en famille est fini. Cela est habituel, plein de rituels, mais on sent que c’est précaire aussi, car le temps passe, comme la belle saison.