Troie ? Mais si, la cité où Ménélas a vu sa gonzesse se tirer aux bras d'Alexandre Paris. Hélène, la plus belle femme de la Grèce, forcément, avait attiré les convoitises du petit jeune. Or, à la surprise, générale, cette guerre racontée par Valérie Mangin, qui scénarise, ne débute pas classiquement par « Chante ô Muse, la colère d'Achille », mais va chercher un peu en amont les origines de cette colère, et surtout contextualise un peu mieux le cadre de l'opposition entre Troyens et Achéens aux belles jambières.
Petit regret, d'ailleurs, m'dame : ne pas retrouver çà où là, les épithètes homériques, juste pour faire ricaner sous cape, ceux qui savent encore ce que ça signifie.
Donc, rendez-vous avec Achille, Patrocle, Ulysse le trouillard, Hector, Calchas... mais surtout d'étranges créatures bleutées qui viennent envahir le récit dès les premières pages. Étant donné leur conversation et leurs agissements, on en déduit rapidement qu'elles n'appartiennent pas au rang des mortels. Comment ? Le fait qu'elles volent est aussi un indice majeur ? Moui, bof... contingence matérielle, ce détail...
Alors, voilà. Le fin mot de l'histoire, c'est que les Dieux s'ennuient et aimeraient bien prendre part au combat. Un peu d'interventionnisme n'a jamais fait de mal, mais en l'occurrence, Zeus a fixé des règles... que tout le monde, hypocritement, fait ressemblant de respecter. Jusqu'au moment où...
Si côté scénario, le passionné de mythologie trouvera quelques entorses sur lesquelles batailler, le titre est étonnament fidèle à ce que l'on a pu retenir de l'Iliade. Les ficelles sont bien amenées, et le récit s'organise rapidement autour d'Ulysse, anticipant l'Odyssée. On perd un peu les mouvements de foule, au profit de face à face - mais l'on retrouve avec plaisir un peu du gore des combats homériques. C'est bien, vraiment. Et appréciable.
Personnellement, j'ai beaucoup moins accroché sur les dessins de Dean Yazghi, dont il s'agit du premier bouquin. L'aspect rigide des personnages n'ira pas sans rappeler quelques dessinateurs de renom, et a priori, ce trait s'adapte très bien à l'intention de moderniser l'histoire de Troie. Au contraire même. Mais si les dieux avec leur visage inexpressif de quasi-fantômes ressortent bien, les visages des humains sont décevants. En fait, sorti des soldats sur les champs de bataille, la représentation des corps souffre d'un manque d'équilibre et de régularité. Et comme les cases deviennent rapidement inégales, on en oublie que si le scénario est déjà connu, il nous réserve quelques surprises.
Alors puisqu'un tome 2, De sang et d'or, et que le traitement révisé de la guerre de Troie ne manque pas de bonnes idées, un petit coup de collet, pour donner plus de charme à l'ensemble....
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