JUNK - Melvin Burgess

Par Tinusia
Quatrième de couverture : Entre un père violent et une mère alcoolique, la vie de Nico est intolérable. Une seule issue : fuir. Fuir avec Gemma, son amie, qui le suit comme par défi. Mais que faire, à quatorze ans, sans ressources, dans les rues d'une grande ville ? Les deux adolescents rejoignent un squat et, très vite, sont pris dans l'engrenage de la drogue... Le jour où ils acceptent de l'héroïne, ils deviennent, sans en être encore conscients, des junkies. Dans ce roman encensé par la critique internationale, Melvin Burgess dépeint avec un réalisme saisissant, sans complaisance ni moralisme, les facettes d'un drame contemporain. Une lecture bouleversante et essentielle, car "il est préférable que les jeunes n'entendent pas parler de la drogue pour la première fois le jour où quelqu'un essaiera de leur en vendre."
 En co-lecture avec SOUKEE...
C'est une histoire de "DESCENTE"... infernale et inexorable.
Descente dans la spirale de la drogue : des enfants perdus qui se réfugient dans un squat après avoir fui leurs familles, rencontrent le hasch dans un premier temps. Ils rencontrent aussi des personnes sympas qui les accueillent, qui les encadrent, qui les cadrent à la manière de parents bienveillants. Mais qui les emmènent vers la drogue... la "douce", celle dont on dit que c'est des plantes, que c'est naturel et qu'il n'y a pas d'accoutumance. Nico et Gemma ont chacun leurs bonnes raisons de se réfugier dans un "ailleurs familial" : pour Nico, c'est la violence et l'alcoolisme du père (pourtant professeur) ; pour Gemma, c'est l'incommunication avec ses parents. Il faut dire qu'elle est jeune, très jeune, et que ses envies de liberté ressemblent davantage à celles d'une grande ado qu'à celles d'une grande petite fille.
Ces enfants vont "grandir" dans un milieu que Nico ressent comme compréhensif et prévenant : Joe Scholl qui prend pitié de Nico (son prénom est David, mais Gemma l'a surnommé ainsi à cause de son aversion pour le tabac), Richard, qui met en place des squatts "dignes" pour les paumés de la rue, Vonny et Jerry, des anarchistes. "Ils m'aimaient vraiment, ils voulaient m'aider, alors qu'ils étaient loin d'être riches", s'étonne le gamin ! Gemma, elle, reste sur ses gardes : "On avait l'impression qu'ils étaient gentils, parce que ça faisait bien de l'être".
Dans cet environnement borderline, Nico et Gemma  vont installer leurs détresses psychologiques. C'est Gemma qui va franchir le pas ; elle ne supporte pas le cadre que Vonny à mis en place : il ressemble trop à celui d'une famille avec ses lois et ses valeurs et c'est justement ce à quoi elle a voulu échapper en quittant ses parents. Elle change de look et entraîne Nico, petit à petit, dans un autre "nouveau monde" : celui de la "punktitude".
Lily et Rob entrent alors dans leurs vies. La DESCENTE en enfer s'accélère. Le hasch devient insatisfaisant pour Gemma... Nico, bien que réticent, la suit dans cette culbute vers la "dure". Ils n'ont que quinze ans...
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Melvin Burgess décrit implacablement, froidement, imperturbablement ce long et terrifiant chemin qui emmène des enfants de la désespérance morale à la débâcle. Il ne semble pas prendre position et c'est en cela que ce roman prend toute sa force. Pas de morale, pas de sermon éthique ; des faits, des portraits, des moments de vie, simplement. Mais quelle description !
C'est un livre que j'offrirais volontiers à tous ces gamins paumés en quête de l'illusion d'un monde meilleur, mais qui n'ont pas les tripes pour se prendre en charge !
C'est un livre que j'offrirais volontiers à tous ces parents moralisateurs, mais tellement absents dans l'accompagnement de leurs enfants !
Sa lecture ne peut qu'ébranler les bonnes consciences, les bouleverser.