Nous avons publié dans notre numéro d’été 2009 un poème écrit par Kevin, jeune de 14 ans pensionnaire dans un Centre jeunesse de Montréal, pour sa mère. Ses mots ont touché Debbie, une autre mère, qui a tenu à lui répondre.
Cher Kevin,
C’est très important que tu saches combien ton poème «J’veux t’dire» m’a touchée. Lorsque je l’ai lu, je pensais à mon fils de 17 ans. Il est maintenant parti de la maison il y a 6 mois pour vivre avec son père car je n’avais plus la force de «dealer» avec ses problèmes de drogue et ses comportements impulsifs. Il faut dire que je me remettais moi-même d’un cancer du sein.
Je n’ai pas de nouvelles de lui: il est très fâché contre moi. Tout ça pour dire que j’ai lu ton poème imaginant que c’était mon fils qui m’avait écrit ça et j’ai pleuré. J’ai pleuré des larmes «guérissantes». Des larmes qui ont fait fondre tout le ressentiment que j’avais dans le cœur contre mon fils. Ça m’a libérée assez pour que je puisse m’asseoir et lui écrire une lettre dans laquelle je tente de clarifier certaines choses entre lui et moi. Je te la fais parvenir, espérant qu’elle sera significative pour toi, comme ton texte l’a été pour moi.
Seul Dieu sait comment mon fils va recevoir cette lettre, mais il ne l’aurait probablement pas eue si ce n’était la libération que j’ai ressentie après avoir lu ton précieux poème. Alors MERCI Kevin et j’espère que la relation entre ta mère et toi est en voie de devenir tout ce que tu en espères et plus.
Tout le monde fait des erreurs, mais ça prend de grandes personnes pour les avouer, en tirer des leçons et se relever. Je crois qu’à ton âge [NDLR: 14 ans], tu es déjà une de ces grandes personnes. Wow, qu’est-ce que ça va être plus tard! De toute beauté mon gars!
Merci encore Kevin,
Debbie
Moi j’veux t’dire
Moi j’voulais t’dire, mon fils, que j’te pardonne pour tout c’que tu m’as fait subir,
Que tu m’ayes traité de conne quand j’essayais d’te prévenir
L’important c’est que là, t’as compris que c’que j’faisais était pour ton bien
Je serai encore et toujours là quand tu voudras parler de ton chagrin
Sérieusement pour moi t’es vraiment précieux
La seule chose que j’veux cé qu’tu sois heureux
Merci de t’excuser pour les gaffes faites à plusieurs reprises
Et de reconnaître que cé mon cœur que tu brises
Tu dis que j’ai toute faite pour toi pis en retour, tu m’as chié dins mains
Mais sache que pour une mère, l’amour inconditionnel, cé l’quotidien
Oui je suis là malgré ce que tu m’as faite
J’voulais dire que j’apprécie que tu le regrettes
J’veux t’dire que sans toi, dans ma vie j’ai mal
Moi aussi j’aime ça t’voir sourire, dans ma vie té vital
J’veux t’dire que moi aussi j’t’adore pis qu’chu prête à tout pour toi
J’veux t’dire qu’à chaque soir j’me demande qu’est-ce que je peux faire
pour que t’ayes confiance en toi et moi
J’te l’ai-tu déjà dit, que je remercie le Bon Dieu de t’avoir mis au monde
Sérieux, mes enfants, c’est c’que j’ai d’plus précieux au monde
J’veux dire que j’te pardonne pour toutes les fois que tu m’as faite verser des larmes
J’veux dire que sans toi, ma vie tourne au drame
Sérieux j’t’adore, j’te l’dirai jamais assez souvent
Tu m’as causé des torts mais j’ai confiance que tu as changé maintenant
Yé jamais trop tard pour réaliser qu’on perd trop d’temps
Ne plus me faire souffrir, j’accepte ton serment
Tu veux faire tout, me voir heureuse cé ton vœu
T’as raison, une mère t’en as pas deux
Je suis fière qu’avec moi tu sois heureux, sans moi sois courageux
A toutes les soirs, moi aussi j’prie Dieu pour qu’on s’rapproche tous les deux
J’veux dire que c’est évident que mon amour envers toi n’est pas vain
Puisque t’as pu m’écrire ce merveilleux poème
J’veux t’dire que sans toi, dans ma vie j’ai mal
Moi aussi j’aime ça t’voir sourire, dans ma vie té vital
J’veux t’dire que moi aussi j’t’adore pis qu’chu prête à tout pour toi
J’veux t’dire que chaque soir j’me demande qu’est-ce que je peux faire
pour que t’ayes confiance en toi et moi