"Le droit de vote aux femmes ?
Vous n'y pensez pas !"
Georges Clemenceau
C'est à Mary Wollstonekraft "L'ancêtre des féministes" que l'on doit "l'invention du droit des femmes" au XVIII° siècle...
La Journée internationale des femmes fut adoptée en 1910 par les dirigeantes des Femmes Socialistes rattachées à la II° Internationale. Décrétée en Russie le 23 février ( correspondant au 8 mars, en raison du décalage du calendrier Julien).
La fin du XIX° a vu dans le monde, la montée de groupes de femmes revendiquer l'égalité des sexes, le droit de vote, l'émancipation, le droit de disposer de leur corps, l'abolition de la peine de mort, l'égalité des salaires hommes femmes, l'accès des femmes aux professions libérales, la recherche de la paternité et l'opposition au mariage qui, selon Herminie Barton adepte de l'union libre "est une affirmation de la suprématie de l'homme sur la femme (...) si j'aime un homme, je veux l'aimer en gardant toute ma liberté".
Le droit de vote fut accordé en premier lieu en Amérique du Sud, puis en Autriche en 1873, suivie par l'île de Man en 1881. Ensuite, ce furent l'Australie, le Wyoming en Amérique du nord, le Colorado, l'Utah et l'Idaho en 1894. Dans la petite ville de Beaty, les électeurs ont nommé 4 femmes conseillères municipales et mis à leur tête madame Totten, première maire de l'histoire.
Le parlement de Norvège compta trente trois membres féminins sur soixante dix-huit. La Nouvelle-Zélande portèrent au gouvernement plusieurs ministresses qui purent déclarer :"un mauvais mari n'a jamais pour lui la voix des femmes".
Aux Etats-Unis, Le "Womenn's suffrage movement" et la "Fédération féministe des Deux Mondes" présidée par miss Wilson créa des Conseils nationaux, puis internationaux à Chicago, à Anvers, à Buda-Pest, à Berlin, à Washington et à Paris. De nombreuses ligues émergèrent : "L'Union pour la réalisation des droits égaux" due à l'initiative de madame Alice Major, "The Women's international Progressive Union", "L'International Council of Women" (en Ecosse, présidente Lady Aberdeen), "L'Humanité intégrale", "L'Amélioration du sort de la femme" de Maria Deraisme, "L'Union Universelle des femmes" avec madame Chéliga-Loewy. A Londres, la ligue "La Primevère", la ligue des "Trades-Unions féminines" écrivaient et manifestaient.
De nombreux journaux furent créés tant en France qu'à l'étranger. A Paris, Marguerite Durand fonda le journal "La Fronde", "dirigé, administré, rédigé, composé par des femmes". Hubertine Auclert fit paraître rue de la Roquette "La Citoyenne" d'où elle déclara : "En protestant contre les lois existantes, faites sans les femmes contre les femmes, la Société a rejeté l'idée d'institutions futures élaborées sans le concours des femmes, parce que ces institutions seraient encore faites contre elles". Mademoiselle Barberousse présente son inscription sur les listes éléctorales et poursuit sa revendication jusque devant la Cour de Cassation. Madame Scmahl organise avec la duchesse d'Uzès le groupe "L'Avant-Courrière". Aline Valette rédige des cahiers de doléances féminines, est secrétaire de "La Fédération française des Sociétés féministes". En 1898 Hélène Martin demande au maire de Montmartre M. Wiggishoff, son inscription sur les listes de la Butte Montmartre. D'autres comme Paule Minck, Marie Clémence, madame Georges Martin, madame Vidal poursuivent la même démarche, non couronnée de succès, comme l'on peut s'en douter. Le grand congrès féministe de 1900 à Paris, reçoit des délégations de nombreux pays. Juliette Adam se prononce en faveur des Espagnols en guerre contre l'Amérique. Des jeunes femmes de la société américaine "Filles de la Révolution" se cotisent pour offrir aux françaises une statue de Washington. La princesse Wiszniewska dirige "La Ligue des Femmes pour le désarmement et pour la paix universelle", qui regroupe plusieurs sociétés dans différents pays, Autriche, Italie, Suède, Allemagne, Russie. Une invitaion est envoyée au tsar, elle reste sans réponse. Avant 1905, il n'y eut pas de mouvement féministe en Russie en raison du despotisme écrasant qui y régnait à l'époque. Il y eut toutefois de grandes grèves où les femmes prirent une part primordiale, comme la "révolte d'avril" 1895 à l'usine Yaroslav, grève menée par les tisserandes. Les grèves de 1896 à Saint-Petersbourg des ouviers du textile virent une très forte participation des femmes. La révolution de 1905 marqua l'essor des mouvements féministes. Dès l'origine, contrairement à l'Angleterre, les femmes sont admises dans les syndicats ouvriers. Pour la première fois, des réunions sur le droit des femmes sont organisées à Moscou, à Saint-Pétersbourg, à Minsk, Odessa, Yalta, Vilnius ou Saratov. "Le plus souvent, les revendications des travailleuses reflétaient les revendications de congé de maternité payé, des pauses pour l'allaitement des enfants et la mise en place de crèches dans les usines" (Alexandra Kollontaï)
Au congrès féministe de Paris en 1896, Clotilde Dissard (fondatrice de "La Revue féministe") constate : "L'infériorité de la France au point de vue féministe tient à deux causes : aux tendances franchement révolutionnaires de certains de ses partisans et à l'indiférence, pour ne pas dire l'hostilité de la bourgeoisie catholique". Cependant, madame Bogelot fut faite chevalier de la Légion d'Honneur à la suite de l'exposition de Chicago, où elle représentait les femmes françaises. La communication de l'allemande Mlle Kathe Schirmacher à ce même congrès renseigne sur les tendances du féminisme allemand et Mlle Maikki Friberg sur le féminisme finlandais. L'allemande et la finlandaise semblent plus préoccupées par l'éducation des femmes, les anglaises par leur émancipation économique, la française poursuit plutôt un rêve d'égalité des droits entre les deux sexes. Marya Chiliga (France) crée à Paris en 1896 "L'Alliance Universelle des Femmes pour la Paix par l'éducation"
En 1904, fut fondée "L'Alliance Universelle pour le vote des femmes", présidée par madame Chapmann (Etats-Unis) et Mlle Anita Angspurg (Allemagne) dont le but est la propagande internationale pour les droits politiques des femmes etc.
Je voudrais terminer provisoirement par citer les noms de femmes admirables comme Rosa Luxemburg (née le 5 mars 1871, morte assassinée par des "corps-francs" le 15 janvier 1919), Eleonor Mury (Angleterre), Clara Zetkine et Alexandra Kolontaï (Russie), Paule Mink (France), Gatti de Gamond (Belgique).