Après la piteuse défaite contre l’Espagne au Stade de France, ce n’est plus la petite odeur de brûlé qui flotte vaguement dans l’air, mais carrément le feu qui a pris dans les rideaux et se propage dans la salle à manger.
L’échec de Domenech est évident mais, au-delà de ça, l’absence d’esprit et de jeu d’équipe ramène à l’individualisme qui semble être la triste marque de fabrique de ces Bleus. On cherche individuellement à sauver l’équipe, on ne se donne pas franchement à fond, on joue sa partition sans en faire plus, on ne s’investit pas dans le vestiaire, on râle parce qu’on ne joue pas à son poste préféré.
Cette équipe semble incarner jusqu’à la caricature ce monde du football saturé d’argent, où les joueurs n’ont ni attachement à un club ni conscience politique du monde qui les entoure. Un microcosme ultra-libéral où la marchandisation des hommes, du talent et du spectacle a construit des individus foncièrement individualistes, sans repères ni conscience ni mémoire, avec l’argent et la célébrité pour seuls horizons.
Sauf si ?
Eh oui, sauf si Raymond effectue une révolution idéologique : retour aux valeurs de sacrifice, de collectif et de solidarité. Faisons de cette équipe de France une équipe de porteurs d’eau, de tâcherons obsédés par la récupération du ballon et le replacement défensif. On ne brillera pas, on ne marquera jamais, mais au moins on sera moins ridicules.
Cela pourrait donner la formation suivante :
Avec Pedretti en meneur très reculé, Toulalan en distributeur défensif et Cissé en pointe rapide, ça peut faire mal. Et n’oubliez pas Coupet, et son rôle essentiel dans les vestiaires. Avec ça, on brise les équipes techniques qui prétendent créer du jeu, et on endort les autres. Bref, on se fait chier, mais l’honneur est sauf.