Max | En selle

Publié le 07 mars 2010 par Aragon

Quand mon coeur a ses tourments,  mon âme ses interrogations, mon corps ses besoins, je vais seul, je  pédale longtemps sur mes collines de Chalosse, sur une route de chapelles.

Une de mes préférées est posée tout là-haut. Près d’elle cinq ou six maisons ont réussi au cours du temps à former un émouvant hameau. Elle reste ouverte. Inespéré ! Elle apparaît à point nommé quand je termine, souffle coupé, mollets brisés, les dix derniers mètres à seize invraisemblables % de la redoutable côte qui s’y achève.

Je ne sais trop pourquoi mais quand je vais de par les chemins de mon pays je rentre dans les églises comme si j'entrais chez moi, referme bien la porte, fais toujours un signe de la croix, me pose. Je pénètre ainsi le silence de ces lieux vides mais habités par ce qui me dépasse, qui remonte du fin fond des siècles et qui est là en abondance, à satiété, en toute extrême humilité pour celui qui sait écouter, qui sait s'asseoir sur un banc de pauvreté, le dos calé contre un pilier.

Avant de franchir le seuil, ici, c'est un WC avec papier. Sous le porche quelqu’un a eu la délicatesse d’étaler les feuilles d’un journal sous un nid d’hirondelle. Les chapelles accueillent toutes sortes de pélerins depuis des temps immémoriaux.

Accueil semblant inespéré pour le voyageur harassé. La petite église de Gibret est toute en réserve, si modeste, rassurée par ses deux arcs galbés de pierre blanche, sa chaire creusée dans le calcaire. Il y a de la lumière irisée qui vient flatter son humanité au travers de vitraux, simples comme de clairs carreaux.

Dans ces chapelles de campagne il y a des présences de pierre et de bois qui veillent à la quiétude, ici, une exception très surprenante. C'est Jeanne d'Arc qui n'est pas là. Sans doute toujours de par le monde, à guerroyer sur des chemins désespérés.