Un dimanche avec Emily Dickinson.
Bon d’accord, ça fait un peu peur, mais j’aime bien.
J’aime bien que cette poétesse, “la recluse d’Amherst”, ayant passé sa vie (1830-1886) à écrire des poèmes, mille sept-cent quatre-vingt neuf exactement et seulement cinq furent publiés de son vivant (dont trois anonymement, et deux sans qu’elle le sache), dans la chambre de la maison de ses parents dans le Massachusetts, réapparaisse aujourd’hui sur YouTube, grâce à une animation reposant sur le seul daguerréotype d’elle (au Collège) qui nous soit parvenu.
Je trouve ça émouvant.
Voilà la traduction trouvée sur pointscommuns (un site de rencontres, n’est-ce pas ironique ?) :
Ne pouvant m’arrêter devant la mort
Elle eut la gentillesse de me prendre
Il n’y avait que nous dans la calèche
Et l’immortalité
Nous roulions lentement, elle n’était pas pressée
Tandis que j’avais abandonné
Mon travail et mes loisirs
Pour sa courtoisie
Nous passâmes devant l’école où les enfants
Se bagarraient dans la cour de récréation
Traversant les champs d’épis aux aguets
Nous vîmes le soleil couchant
Ou plutôt, c’est lui qui nous vit
La rosée nous faisait frissonner : nous avions froid
Les fils de la Vierge pour seule robe
Mon tulle pour étole
Nous fîmes une halte devant une maison
Pareille à un renflement du sol
Le toit était à peine visible
La corniche n’était plus qu’ un monticule
Voilà des siècles que j’ai vécu cette scène et pourtant
Elle me semble plus courte que le jour
Où je pressentis pour la première fois
Que la tête des chevaux
Se dirigeait vers l’éternité