Je tenais absolument à assister au défilé de Quentin Véron, un des trois new kids (avec Anthony Vaccarello et Nicolas Andreas Tarali) de la scène fashion parisienne.
J’ai croisé le créateur quelques mois auparavant lors de la célébration des dix ans de la petite robe noire de Didier Ludot et j’avais, alors, été intrigué par son look tout droit sorti d’un roman de Charles Dickens et son choix de travailler la fourrure, « afin de la démystifier disait-il ».
La fourrure change de statut, elle peut devenir ludique, elle fait fi de son côté rombière, elle est libre et sans complexes. La fourrure prouve qu’elle peut être à la mode (je ne serais pas contre un col rapporté en renard noir par les temps qui courent, si si si !).
Entraîné par la fougue de sa jeunesse, ce tout jeune créateur n’hésite pas à changer de façon radicale le cadre de son défilé. Pour la Fashion Week 2009, son show prenait place dans un salon parisien avec pianiste jouant quelques Gymnopédies gnossiennes d’Erik Satie. Pour cette saison le show prend place dans la culée du Pont Alexandre III, un tout petit espace où l’on circule parmi les hauts-reliefs et quelques chaises disséminées deci-delà, le tout sous des musiques tribales…
On a l’impression de faire partie d’une société secrète et d’être plongé quelques siècles en arrière. Nous sommes à La cour des Miracles vue par Quentin Véron.
Derrière le rideau, des silhouettes sorties tout droit d’un film de Tim Burton entament une chorégraphie païenne imaginée par Ylva Falk. C’est à une véritable représentation théatrale que le créateur nous convie, un spectacle de rue où les acteurs ne sont pas habillés mais en costume de scène.
Onstage : pièce en trois actes
Godillots ornés de plumes et d’os, gris-gris et microrobe sous un manteau aux manches trois-quarts en renard or.
Est-ce le dieu Pan ?
La danseuse (thème récurrent chez Quentin Véron) en robe drapée sous une petite cape en racoon et chèvre au long poil.
Backstage: beautiful freaks
Ré-interprétée, la fourrure conserve son caractère sulfureux…
Mis à part le savoir technique de l’un et de l’autre, y-a-t-il chez lui l’excentricité baroque des débuts d’un John Galliano ?
Outre son savoir-faire dans l’art de la fourrure, Quentin Véron est un intéressant créateur d’univers et de silhouettes à cheval entre deux mondes : le costume de scène et la mode. Mais le danger chez les jeunes créateurs excentriques est de sombrer dans la caricature, de s’auto-parodier saison après saison, d’être l’artisan de sa propre obsolescence. Mais à seulement 23 ans gageons que Quentin Véron a amplement le temps de trouver la voie royale.
Le show