Évidemment, quand on a découvert qu'Amazon avait l'intention d'implanter un centre logistique au Canada, pour mieux gérer l'approvisionnement des marchandises vers ses clients, les lois relatives à la protection culturelle sont revenues en tête.
Car le Canada, qu'on le croie ou non, fait ce qu'il peut pour que de dégouline pas dans le creux de son oreille l'expansionnisme de l'entertainement américain. Si, si.
Protéger la culture du pays contre l'influence d'Amazon
Et s'il s'implante au Canada, Amazon trouvera sur sa route un acteur aujourd'hui historique, Indigo Books & Music, la chaîne culturelle, sorte de FNAC monstrueuse, qui s'inquiète évidemment de l'arrivée possible (mais encore soumise à l'approbation du gouvernement canadien) d'un si terrible adversaire. En somme, David commence à se demander si l'histoire avec Goliath a des chances de se reproduire...
Ainsi, anticipant la situation, Indigo a écrit tout simplement au gouvernement, pour réclamer des explications et surtout des garanties. Heather Reisman, directeur exécutif, a donc écrit au ministre de la Culture pour comprendre s'il s'agissait là « d'un changement fondamental dans la politique gouvernementale ». Une telle approbation nécessite une totale transparence et une mise en application qui soit égalitaire.
De fait, l'Investment Canada Act, rappelle Tim Warmington, porte-parole du Canadian Heritage, impose de se conformer, pour toute activité commerciale relative à la culture, aux règles fixées, et ne doit porter atteinte ni au patrimoine culturel ni à l'identité nationale, comme le rapporte le Globe & Mail.
Et la librairie tombe évidemment sous le coup de la protection inhérente à cette législation, attendu qu'elle représente un rempart contre l'influence américaine. Et que les boutiques ne doivent pas occulter la culture canadienne. Un fameux casse-tête de quotas en tous genres, qui avait par exemple empêché voilà quelques années la signature d'un accord avec Borders... le libraire américain.
Une perte de contrôle pour les biens culturels du pays
Mais Mme Reisman entend avant tout que l'on prenne conscience qu'un tel acteur peut amener une révolution dans le paysage livresque du pays. Mais pas que. Dès lors, la question est de savoir si la vente de livre ne doit plus être contrôlée par les Canadiens, mais qu'on peut laisser la part belle au cybermarchand de Seattle.
Si pour certains, cet apport concurrentiel ne peut pas être une mauvaise chose, entraînant un élargissement de l'offre autant qu'une émulation commerciale, pour les libraires du pays, c'est l'arrivée du grand Satan.
Et qui ne bosse même pas pour le Grand Capital.
C'est le Grand Capital qui bosse pour lui...