Trop de vert tue le vert, c'est maintenant certain. J'avais déjà écrit un billet la semaine passée sur le "trop de bio" et les multiples arnaques que représentaient les produits supposés nous détoxifier, nous requinquer et nous nettoyer au prix fort. A cette liste des "éco-arnaques", si l'on peut dire, je serais aujourd'hui très tenté de rajouter l'initiative franchement limite de Yannick Noah, qui a lancé avec l'aide de la marque Bourjois une ligne de cosmétiques "naturels" appelés "Ecoute ta Nature". Mon sang ne fait qu'un tour et en quelques lignes du papier du Figaro sur ce sujet, je me rends compte que le visage de Noah se superpose avec celui de Hulot, autre pitre du pseudo-écologisme qui nous vend des films messianniques ridicules en même temps que des crèmes de bain-douche... le tout en évitant soigneusement de ne jamais écorcher ses sponsors, de TF1 à EDF. Merci l'artiste.
Alors quid de cette nouvelle poussée de greenwashing incarnée par le chouchou des Français ? La chef du projet chez Bourgois précise : «Yannick Noah est un véritable levier pour notre discours. C'est une personnalité à la fois consensuelle et atypique qui incarne des valeurs fortes comme la spontanéité, la simplicité, le respect, la sensibilité à l'écologie, la famille.». Un joli discours de communicant qui, je l'espère, ne convaincra pas ceux qui font un tantinet attention à ce qu'ils achètent. Des produits "à 97% naturels", c'est facile quand on ne définit pas le terme "naturel". Le pétrole aussi, c'est naturel. La chimie des cosmétiques aussi, qui transforme des produits naturels. Tout produit créé par l'homme est potentiellement naturel, puisque selon la maxime de Lavoisier, "rien ne se créé, rien ne se perd, tout se transforme". A moins donc d'aller importer des métaux extra-terrestres, oui, même les produits les moins écolo peuvent se targuer d'être verts. D'autre part, comme le souligne l'Observatoire des Cosmétiques, un produit peut être naturel mais exploité n'importe comment, comme c'est le cas de l'huile de palme (utilisée dans l'alimentation mais aussi pour les produits de beauté). Et pour les gels-douche puisque c'est de cela dont on parle, le verdict est encore plus tranché : "la chimie du chlore, l'irradiation ou l'éthoxylation. Cette dernière technique est très employée notamment pour l'obtention de tensioactifs, ces agents moussants que l'on retrouve systématiquement dans les gels douches et les shampooings et également dans bien d'autres produits. Elle donne naissance à tous les ingrédients de type PEG (ou encore aux composés dont le nom se termine par le suffixe -eth suivi de chiffres), et son process s'avère particulièrement polluant."
Autre chose : l'absence totale de certification de ces produits, selon l'article de OrSérie qui a pu tester les produits. J'avais déjà parlé de la guerre des labels bio avec le cas de la nouvelle lessive Le Chat. En fait, une partie de ces labels émane directement de grands groupes qui souhaitent ainsi flouter la qualité des premiers labels, comme AB. Chez Bourjois, l'effet Yannick dispense même de passage par une certification ! Un joli sourire de l'ex-tennisman suffit amplement !
Alors souhaitons simplement à Yannick Noah la bienvenue dans le cercle des éco-tartuffes, aux côtés de Yann-Arthus Bertrand et ses photos-élicos, de Nicolas Hulot et ses crèmes de douches sponsorisées par TF1 ou encore de Jean-Pierre Coffe qui nous vend ses sous-produits Leader Price comme de la marchandise de qualité. Grâce à eux, les consommateurs pourront continuer à acheter en toute bonne conscience des produits qui n'ont de vert que le nom. Ces personnes sont, à mon avis, responsables du flou qui existe chez les consommateurs. Un coup d'oeil sur ce sondage nous montre bien que les Français n'y comprennent rien aux certifications, car trop nombreuses.
A bon entendeur