La nuit, dans les couloirs inquiétants du service, les patients en longues chemises légères déambulent languissamment tels des fantômes tourmentés, nostalgiques de leur lointain passé. Désespérément, ils semblent rechercher un regard, une présence, une preuve tangible à leur fragile existence.
Je les regarde passer, puis revenir...
Je leur donne un sourire, quelques mots, pensant pouvoir les rassurer...
Je les encourage à aller se coucher, comme si le sommeil pouvait les apaiser...
Vaines tentatives...
Puis ils reviennent, passent et repassent...
Chaque nuit, dans ce service où je remplace par moments, les âmes se confondent avec les lambeaux incertains des murs enlaidis par une souffrance que le temps n'a pu apprivoiser. J'entends leurs pleurs en sourdine, comme une plainte continuelle.
Je les écoute passer, puis repasser...
Je les regarde tourner, s'en retourner...
J'attends les premières lueurs du jour qui tarde à venir...
Et si dorénavant, je vous dis que je vais travailler la nuit, vous saurez que mon coeur impuissant ne fait qu'assister au triste bal des âmes perdues...