Il y a paraît-il une foultitude de biographies de Hunter S. Thompson. Celle de William Mc Keen que les éditions Tristram viennent de traduire en français est, nous dit-on, la meilleure et c’est tant mieux. Hunter Thompson est une sorte de mythe, de mythe alcoolisé et dingo, un mythe qui parfois sème le malaise mais un mythe tout de même. Mc Keen nous chope dans le désordre un bébé de 11 livres né en juillet 37 à Louisville pour nous l’abandonner en février 2005, usé, se tirant une balle. Entre des kilos d’articles souvent cramés, l’interview fleuve à Playboy, des collaborations dans des publications plus qu’improbables, des moments de pur génie, la campagne présidentielle de « tricky dicky » Nixon, Las Vegas, la came, le Mexique, l’alcool et encore des drogues, Mc Keen nous campe une vie de cinglé, un personnage absolument à part dans le journalisme américain. Thompson ce n’est ni Alain Duhamel sous amphétamines, encore moins Christophe Barbier imbibé, Hunter S. Thompson est un cas.
Deux années à Rolling Stone, fâcheries avec le boss suite au reportage sur le duel Mohamed Ali – Foreman, bouquins avortés, ratages, fiestas, alcool et drogues, la vie de Thompson livrée ici sous le nom de « Hunter S. Thompson, journaliste et hors la loi » (pour outlaw) est en elle-même du journalisme gonzo et son auteur William MC Keen a bien du mérite et du talent de nous la livrer lisible et en bon ordre.
Nous rendre compte de la vie des anti-héros du journalisme ricain est dans l’air du temps. Philippe Garnier s’était risqué l’an passé à nous aider à parcourir celle de Grover Lewis (Grasset). Avec cette bio de Thompson, on change de braquet car sur l’échelle de Richter des allumés, l’auteur de « Las Vegas parano » brise le plafond…