De mémoire de rose

Publié le 06 mars 2010 par Jlhuss

Mélanges bougons

I Chambolle ronchonne :
Exercice obligé du journaliste audiovisuel après n’importe quelle catastrophe : l’interview du vieux sage local qui en a vu d’autres mais pas celle-là. En effet, celle-là, « mon bon monsieur,  DE MEMOIRE D’HOMME, n’y a pas eu sa pareille ». Dans certains cas, séisme, tsunami , éruption volcanique ou chute de météore géant, il arrive que le vieux sage ait raison. Pour d’autres, inondations, incendies de forêt, tempêtes et orages dévastateurs, on peut affirmer, sans beaucoup de risques de se tromper, que le vieux sage est victime d’une forme particulièrement pernicieuse d’amnésie qui consiste à oublier volontairement des faits dont il a été témoin mais dont le rappel aboutirait à mettre en cause la sûreté de son jugement. La vérité est qu’on gomme volontiers les souvenirs gênants. Le dicton selon lequel, de mémoire de rose, on n’a jamais vu mourir un jardinier, illustre bien cette merveilleuse et si utile capacité qui autorisa un vieux sage de ma connaissance à déclarer que personne n’aurait pu supposer que la crue de la Saône atteigne un jour des maisons construites là où moi, Chambolle qui suis un peu moins vieux et beaucoup moins sage que lui, j’avais vu, dans les années cinquante, des prairies englouties sous trois mètres d’eau. Elle permet à certains de découvrir l’Amérique chaque matin et à d’autres de s’indigner qu’on n’ait pas su prévoir un danger dont jamais, ils le jurent sur ce qu’ils ont de plus sacré DE MEMOIRE D’HOMME on n’avait entendu parler.

II Chambolle grommelle :
Chaque samedi, ou presque, je fais le grand-père (et j’aime ça). Le programme est du genre simple. L’invité(e) se lève quand il veut (souvent entre neuf et dix heures). Il déjeune tranquillement d’un assortiment déséquilibré à base de croissants, de chocolat et de tartines (pain 40%, beurre 60%) le tout affalé devant des dessins animés. Ensuite « on fait les devoirs » puis c’est, au choix, play-mobil, petshop, Barbies ou polypocket jusqu’à la demie de midi, heure à laquelle nous allons manger « en ville ». Le tout se termine généralement au cinoche (avec accompagnement d’Haribo ou de pop corn). Après quoi je raccompagne l’enfant chez ses parents où lui et moi déclarons que la journée s’est bien passée, sans entrer dans des détails inutiles et qui risqueraient de nuire à l’harmonie familiale. Tout ça pour dire que, quand le(la) cher(e) petit(e) et moi on va au resto c’est pas pour qu’on nous les brise avec la diversité biologique, les économies d’énergie ou le réchauffement climatique. Quand je commande mon entrecôte et son steak haché (ou son jambon grillé ou ses beignets de poulet) je souhaite seulement, comme le dit je ne sais plus quel chanteur djeune (ou qui a dû l’être), déjeuner en paix. Qu’on cesse une minute de me les briser avec la bien pensance à la sauce verte ! Or que vois-je au dos du set de table coloriable qu’une serveuse en chemise à carreaux remet (avec des crayons de couleur non toxique)  une vache en train de péter (Un PROUT est imprimé en lettres capitales dans une bulle sortant du bon endroit) sous une devinette qui demande aux bambins de répondre à cette angoissante question : » Les pets des vaches contribuent-ils à l’effet de serre ? » Ne faisons pas durer le suspense et indiquons (grâce à la réponse imprimée en petits caractères) que NON, les pets n’y sont pour rien. Le responsable est le ROT ! Car oui, Mesdames et Messieurs : la vache rote du méthane et c’est ça qu’est grave. Du coup j’ai failli me lever et aller manger ailleurs ma tranche de bœuf (qui rote aussi le sagouin, comme la chèvre et le mouton, c’est précisé dans la même phrase). Cette expérience peu apéritive ne me rendra pas végétarien, mais ce n’est pas demain que je retournerai chez Courte Paille. Quand je veux parler d’éructations animales je vais chez un vétérinaire, pas chez un cuisinier.

III Chambolle s’étonne :
Incroyable mais vrai : des experts de l’Organisation Mondiale de la Santé auraient eu partie liée avec l’industrie pharmaceutique.

Chambolle