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J'ai laissé ma belle et fiston au cinoche ce matin car ils désiraient voir Avatar.
Pour moi il n'en étais pas question. Tout comme Jurrasic Park, ou The Matrix je n'ai même pas une once de curiosité à l'égard de ce film.
Ce que je recherche au cinéma ce sont les bonnes histoires. Et Cameron a prouvé son inexistence de talent en la chose. Je ne doute pas qu'il soit très doué pour la chose technique et je reconnais que Titanic était une impressionnante réussite visuelle. mais je suis plus exigeant que ça. Trop peut-être.
J'en veux pour les yeux, les oreilles et la matière grise.
Dans l'esprit des Prix Jutra qui se tiendront le 28 mars prochain, je me suis emprunté Ce qu'il Faut Pour Vivre de Benoit Pilon, film primé par les Jutra l'an dernier comme meilleur film Québécois. Tourné majoritairement dans l'école secondaire de ma belle, scénarisé par un de mes anciens professeurs (Bernard Émond), mettant en scène un personnage déraciné de son paradis tout en neige, je m'y suis senti tout de suite à mon aise.
Nous suivons dans ce très beau film l'histoire de Tivi (touchant Natar Ungaalaq) un chasseur inuit qui, en 1952, est mis en quarantaine et est soigné à Québec pour un potentiel deux ans puisqu'atteint de la tuberculose. Il doit laisser derrière lui sur la terre de Baffin sa jeune femme et ses deux toutes jeunes filles. Autochtone ne parlant ni ne comprenant le français, inspiré à la fois par un dissipé patient et par la première tempête de neige qui lui rappelle son chez lui, il fugue de son sanatorium.
Incapable de comprendre ou de se faire comprendre, chaque regard est une forme de dialogue en soi. On s'observe avec une itensité supplémentaire afin de sonder les réèlles intentions derrière les yeux. La jeune infirmière (Excellente Évelyne Gélinas) et Tivi y vont même de signes afin de mieux se comprendre. La chimie entre les deux personnages est d'ailleurs tout simplement fantastique, il faut le noter.
Une fois récupéré et ramené dans on lit de malade, sans repères, incompris et convaincu de sa propre inutilité dans le monde il choisit de se laisser mourir. Il dit à un certain moment qu'il ne croyait pas qu'il était possible de se sentir plus seul au beau milieu des blancs que dans la toundra. L'infirmière a alors la brillante idée de le mettre en contact avec un jeune orphelin inuit qui servira d'interprête (remarquable Paul-André Brasseur).
Et qui changera la vie de notre protagoniste en lui donnant ce qu'il faut pour vivre.
Avec ses déliceux paysages hivernaux rêvés par Tivi et ses gens qui essaient de se comprendre des yeux il m'est difficile de ne pas y trouver mon compte visuellement.
Ce brillant film, tourné de manière si lumineuse nous explique même l'utilité des inuschuk que nous voyions depuis deux semaines comme symbole olympique. Il est encore possible de se raconter de bonnes histoires au Québec.
En naviguant avec ses merveilleux personnages (Antoine Bertrand, Guillaume Otis aussi très forts) je suis allé faire du shopping. Par pur hasard je suis tombé sur une vente de dvd deux pour le prix d'un. En fait sur un même dvd se trouvaient les films Little Miss Sunshine et Sideways. Deux de mes films préférés des dernières années. En regardant sur la facture je me suis aperçu que mes deux films sur le même dvd étaient identifiés comme "Fox films best scenarios". Ça m'a fait rire, ça soulignait davantage que je ne raconte pas de salade quand je dis que je m'intéresse d'abord aux histoires.
Dimanche qui s'en vient ce sera la soirée des oscars qui honore les efforts du cinéma Étatsuniens de la dernière année.
Avatar y est en nomination comme meilleur film. C'est à peu près le seul honneur dont on se rappelle année après année.
Pour faire communion avec son époque, ce qu'il faudrait pour se rappeller de 2009 au cinéma d'ici 30-40 ans adéquatement, ce serais à mon avis l'histoire d'une unité de cette interminable sale guerre qui créé des zombies (The Hurt Locker) ou encore mieux , l'histoire d'un homme fort occupé dont le travail est de coordonner les licenciements dans les compagnies qui congédient (Up in the Air).
Ce serait beaucoup plus représentatif que l'histoire d'une race inventée dans une langue inventée qui sucent des peppermanes écologiques à coup de gadgets en 3D.
My two cents...