L’accent rocailleux et pourtant chantant du Midi détonne rue de Solférino. Rue de la Boétie, aussi. (Félicie, aussi !... Chanson leste et populaire de Fernandel que George Frêche nous pousserait bien après dîner ! À mille lieues de ces deux rues collets montés, rive gauche, rive droite, mais tout aussi guindées.) Les pince-nez, pas seulement parisiens, y décèlent des relents nauséeux.
A l’Éducation Nationale, la castration sémantique sévit plus encore qu’au PS ou à l’UMP. Ainsi la brutalité, la pornographie, le racket sont-ils des « incivilités ». Le refus de travail, un effet des origines sociales. Les retards ou les absences, des manquements à l’autodiscipline auxquels la Vie Scolaire va remédier. A l’école, on n’affronte jamais, on biaise. On botte en touche. La réalité est déniée.
Exemple, cette collégienne de Bagneux — comment doit-on dire ? Noire ? Vous n’y pensez pas ! Black ? C’est mieux, encore un effort… — d’origine africaine, qui apostrophe son professeur de math, remplaçant d’origine roumaine : « Toi, le Gitan, casse-toi, tu pues ! »
(D’aucuns se féliciteraient de cette langue verte qui n’est pas de bois. Que nenni : le stéréotype de la race qui pue est vieux comme le monde…) Quoiqu’il en soit, en des temps reculés, c’eût été : une baffe et la porte ! Maintenant, le filtre bien-pensant euphémise : l’origine ethnique de l’élève (vous oubliez l’esclavage !), son sexe trop longtemps méprisé (et le machisme ambiant ?), un langage « ado » d’aujourd’hui qu’il ne faut pas prendre au pied de la lettre (et NTM sur Canal Plus ?...) Etc. Résultat : deux jours d’exclusion par la compréhensive principale ! Imaginez le malaise de l’insulté et de ses collègues ?
Et le désespoir des élèves ?
Projetons-nous un instant, par empathie, dans cette classe choquée par la grossièreté de leur camarade et par la douleur, visible, infligée à un homme. Choquée, mais solidaire par la force des choses et par peur des représailles. Les grandes gueules ont toujours des amis caïds. L’univers collégien ressemble très fort au carcéral. La classe, honteuse, fait donc profil bas. Elle attend. Elle espère, secrètement, une réaction d’adulte, une réaction d’autorité. Pas du tout pour punir une « méchante », mais pour qu’eux-mêmes redeviennent élèves, dans une vraie école.
« Désespérables »
Dans une lettre à Monsieur l’Inspecteur, publiée dans Le Monde du 19 avril 2008, les collégiens de Jean-Moulin d’Aubervilliers appelaient au secours et peu importent les fautes :
« Des élèves à l’intérieur et à l’extérieur du collège s’amusent à jetter des bouteilles emplies d’acide, des poubelles, des œufs, des tomates… sur les élèves… Interrompre les cours… traînent dans les couloirs… se mettent à crié… bagarres… rackettage… Les conditions de travaille sont désespérables. »
Il y a deux ans, par réaction à la démagogie jeuniste de la gauche, combien de professeurs ont voté Sarkozy comme moi pour répondre à cet appel ?
Rien. L’État fait toujours preuve de non-assistance à enfants en danger.
Jusqu’à quand ?
Daniel Faivre
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