Le CAC 40 gagne 2,14 % lors d'une séance où le chiffre le plus attendu de la semaine voire du mois, à savoir les créations d'emplois aux USA pour le mois précédent, est en dégradation par rapport
au mois antérieur. Décryptage d'une situation qui nécessite quelques éléments pour bien l'apprécier :
Les chiffres :
L'économie américaine a détruit 36 000 postes en février après 26 000 en janvier (revu à la baisse contre 20 000 initialement annoncé) Le taux de chômage reste stable à 9,7 % contre une
dégradation attendue.
Le contexte :
Déjà signalé ici en début de semaine, le consensus des économistes était très éclaté et s'est réajusté de - 20 000/- 50
000 à - 50 000/- 68 000 ce jour avant la publication. Dans les faits il y a plusieurs consensus en réalité, c'est à dire plusieurs sociétés qui recueillent les prévisions des économistes et
toutes n'interrogent pas les mêmes économistes ni au même moment (Barron's, Briefing, Thomson Financial du groupe Reuters pour les plus connus, etc..) En général assez resserré, la disparité
constatée en l'occurrence trouve sa source en partie dans les prévisions divergentes sur l'impact des tempêtes de neige historiques de la cote Est vécues dernièrement.
Voici donc un chiffre en dégradation mais meilleur qu'attendu et appelant sans doute un ajustement climatique en mars. A suivre.
L'environnement et les aspects techniques :
L'engouement des places européennes sur la nouvelle est à replacer :
A/ une nouvelle fois dans le mouvement de balancier favorable à la zone euro depuis que la problématique grecque s'est un peu assagie. Zurich (+0,63%) reste ainsi assez impassible à
nouveau et la bourse de New York est plus timorée malgré un gain du S&P500 qui grimpe de 1,40%. Madrid s'envole de 2,55 % et monte sur le podium des performances du jour. Le
marché joue toujours le rattrapage beaucoup plus nettement que la publication du jour.
B/ Spécifiquement sur le CAC 40, s'il est indéniable que la nouvelle aura joué au moment de sa publication (flèche verte en gras) le marché avait en fait déjà pris une belle option à la
hausse.
En effet face au sommet en pince mis en avant hier qui alerte de manière générale sur un possible retournement, les points hauts font figures de résistance susceptible en pareil cas
d'inverser la polarité entre haussiers et baissiers comme nous l'avons vu à plusieurs reprises ces derniers mois.
En invalidant le sommet au point noté 1 en blanc ci-dessous, le rapport de force avait déjà basculé 'poussant à la faute' les vendeurs. A partir de là, le reste de la séance a été une
succession d' ordres stop qui sautent (2 et 3 etc..) et où les vendeurs à découvert sont obligés de se racheter pour couper leur pertes amplifiant le mouvement.
Pourquoi en cet endroit ?
Lors de la cassure du canal haussier, un grand nombre d'opérateurs avaient coupé leurs positions accentuant le mouvement, ce au début du mois de février, tout autant qu'un signal de
prises de position à la baisse était envoyé par ce fait même. Parmi ces positions, certains ont pû initier le plan de trade typique suivant : "je coupe mes positions à la
baisse (pour limiter les pertes et protéger mon capital) si le scénario baissier est invalidé", par exemple lors d'un éventuel retour dans le canal, auxquels se joignent ceux ayant
choisi leur point d'entrée à la baisse lors du pull-back contre le canal.
En tournant court, mais avec une position qui laissait encore hier soir une place au doute vis à vis d'un éventuel faux retour dans le canal, ce scénario a perdu grandement en probabilités
lors de l'invalidation du sommet en pince amenant de nouvelles positions à la hausse sur signal (rupture de résistance) et un rachat des vendeurs à découvert devenant bien malgré eux
acheteurs pour déboucler leurs positions. Le souci n'est plus dès lors tant l'analyse de la statistique qui vient de sortir que de se dépêcher de couper ses pertes dans
l'urgence.
Ce n'est que l'énoncé d'un type de motivations (il y en a d'autres et même sous d'autres formes non directement émotionnelles comme l'envoi sur le marché d'ordres pré-programmés en
cas de rupture de tel ou tel niveau qui alimente le courant sans le moindre état d'âme) mais qui illustre à nouveau l'importance des graphiques et de comprendre où peuvent se faire les
changements et d'être préparé en conséquence.
Quelles informations pouvons nous obtenir pour la suite ?
Le chandelier du jour (dénommé marubozu) symbolise une prise en main des bulls (bull = taureau, le symbole des haussiers par opposition aux bears = ours, animal symbolique des
baissiers) avec une clôture sur les plus hauts, signe de force. Nous ne sommes cependant pas en face d'un marubozu complet ou total (c'est à dire avec une absence de mèches à la fois haute
et basse)
La double difficulté est que ce chandelier n'est pas à lui seul un signe de continuation haussière, certaines structures
de retournement formées de plusieurs chandeliers l'intégrant de manière classique et, d'autre part, une séance a elle seule doit être replacée dans sa configuration
globale. Le meilleur exemple est tout simplement la séance du 5 février dernier qui s'est soldée par un marubozu rouge et un creux en clôture à partir duquel s'est opéré dès le lundi suivant le
retournement que nous avons découvert ensemble et qui s'est poursuivi jusqu'à aujourd'hui.
A cet égard, le gap d'octobre 2008 (gris) comblé il y des semaines en arrière pourrait encore jouer son rôle au retour d'un week-end toujours largement marqué par la question grecque en
Europe avec la visite du Premier Ministre grec en Allemagne ce jour, puis en France dimanche.
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