François Fillon est-il actuellement instrumentalisé avec son accord ou pas ? La majorité présidentielle cherche à rebondir en mettant en lumière celui qui est le plus populaire de l'exécutif. Est-ce crédible et efficace dans un tel calendrier ?
Les sondages pour les régionales se suivent et se ressemblent.
Qui sera présenté comme le chef de la campagne régionale et donc probablement le chef vaincu pour la majorité présidentielle ?
Ce débat a connu parfois des chocs forts comme celui entre Fabius, Premier Ministre et Jospin, chef de parti.
Pour les régionales, jusqu'au dernier moment, Nicolas Sarkozy apparaissait comme le véritable chef de la majorité. Sauf que depuis ... une semaine, François Fillon retrouve un espace de communication car il offre une alternative à l'actuelle impopularité présidentielle bientôt contrainte à une révision de ses méthodes de communication.
François Fillon a ménagé 4 espaces de respiration :
1ère différence : l'affirmation du principe de réalité. Nicolas Sarkozy base sa communication sur le principe de la volonté. Son Premier Ministre a placé au premier plan celui de la réalité dont la réalité des comptes. Ce principe présente l'immense mérite de pouvoir identifier immédiatement ce qui est possible et ce qui ne l'est plus ou pas.
2ème différence : incarner les gens ordinaires et pas principalement les "success stories".
Nicolas Sarkozy incarne désormais d'abord les "gens de pouvoir" : économique, médiatique, industriel…
François Fillon est resté loin de cet univers. Il est désormais la caution populaire du parti présidentiel.
3ème différence : incarner la synthèse des droites républicaines : Depuis 2004, Nicolas Sarkozy a atteint une position emblématique. Le débat politique français s'est organisé par et autour de lui avec l'affirmation de valeurs libérales et atlantistes à un point sans précédent de la part d'un membre d'une formation gaulliste.
François Fillon est toujours resté en retrait ce qui est d'ailleurs cohérent avec son parcours longtemps marqué par une réelle proximité avec Philippe Seguin.
4ème différence : un autre tempérament.
Pour partie, la présidentielle 2007 a été à l'exemple de celle 1974.
En 1974, la maladie du Président Pompidou avait créé une aspiration en faveur d'un Président jeune et dynamique.
La fin de mandat du Président Chirac a été dominée par un enjeu d'image sur "la génération du capitaine".
40 ans de pouvoir avaient été perçus comme ayant cassé toute faculté de modernité. La lecture de la presse étrangère grouillait de références assassines notamment dans les comparaisons alors entre J. Chirac et T. Blair.
Au cours des dernières années, un élément majeur était apparu. Les Français considéraient qu'ils recelaient une énergie qui n'était pas canalisée par la représentation politique.
Comme hier en 1974, Valéry Giscard d'Estaing avait été le plus manifeste à canaliser ce besoin de changement, y compris de génération ; Nicolas Sarkozy a capté en 2007 cette attente de l'opinion et a changé une partie importante de l'enjeu de la campagne.
Seulement, la crise ajoutée à des fautes de comportements a cassé le cycle vertueux.
Fillon peut-il être le parachute qui amortit le choc ? Ou le choc sera-t-il d'une sévérité telle que le fusible y perd ses dernières utilités ?
L'interrogation s'impose avec une acuité forte dans ce qui semble relever d'une ultime instrumentalisation de l'actuel Premier Ministre.