Xynthia et la phrase qui fait mal...

Publié le 05 mars 2010 par Philippejandrok

« Il faut rendre constructible les zones inondables », déclarait le Président de la République le 29 avril 2009, dans un discours lu et peu maitrisé. http://fr.news.yahoo.com/73/20100303/tfr-quand-nicolas-sarkozy-voulait-rendre-0e31ec3_2.html

On imagine les rédacteurs de l’Élisée à la solde des promoteurs immobiliers souhaitant relancer l’économie du bâtiment lourdement touché par la crise.

C’était encore l’époque du « travailler plus pour gagner plus », qui s’est transformé depuis « en travailler plus pour gagner moins et perdre son emploi avant la fin de l’année. »

Cette déclaration résonne aujourd’hui comme un coup de poignard dans le coeur des familles des victimes de la tempête en Vendée et dans le Charentais, mais cette déclaration a été faite par un président qui a peu de responsabilité dans le drame.

Non, la responsabilité en incombe à ceux qui ont construit ces lotissements sans tenir compte des avis rendus par des commissions officielles, elle revient à ces personnes influentes qui ont corrompues, celles-là même qui autorisent justement des constructions dans des zones jadis à risque, et qui ne le sont plus subitement suite à une signature sur une étude déterminante pour la construction ou pas.

Qu’il existe une corruption au niveau des fonctionnaires de l’État, c’est évident, l’argent mène à tout, et l’obtention d’un permis de construire se négocie souvent sous la table.

Ne nous leurrons pas, la vérité des affaires immobilières est devenue le lot quotidien de l’argent qui circule d’une main à l’autre et ce, depuis des lustres, c’est une habitude commune que toutes les entreprises connaissent. Pour obtenir un marché, il faut souvent payer, c’est la règle.

Alors, au lieu de stigmatiser le Président ou la tempête Xynthia, cherchons plutôt les traces laissées par l’argent ; qui s’est enrichit lors de ces constructions en Vendée, quel est le fonctionnaire qui a vu son train de vie augmenter, le maire, les élus, qui ?

Si nous suivons la piste de l’argent, nous trouverons les responsables de ce fiasco meurtrier et les familles de victimes devraient se retourner contre ces personnes qui agissent dans l’ombre et qui se frottent les mains, fières de leurs petites combines et du formidable enrichissement dont elles bénéficient à la vente d‘un lotissement.

J’ai un ami, directeur de Banque, qui, il y a deux ans, a décidé pour sa famille de s’installer à la campagne pour que ses enfants puissent bénéficier du grand air et de la nature. Il a donc acheté un appartement dans une copropriété isolée qui donnait sur un immense terrain déclaré inconstructible, car inondable.

Il m’a appelé il y a un mois, scandalisé :

- Philippe, tu te rends compte, le terrain en face de chez moi jadis inconstructible, j’ai les papiers, il était inondable quand nous avons acheté, et bien tu me croiras ou pas, il est aujourd’hui constructible ; ils ont commencé les travaux et les champs vont laisser la place à un lotissement, on se fait toujours avoir dans cette société…

Aujourd’hui, il met en vente son appartement, car le terrain en question est soudain devenu constructible, ce qui hier ne l’était pas, le devient par opération du Saint Esprit.

Mais pourquoi acheter un terrain inconstructible ?

Parce qu’il ne vaut rien, et ce que vous achetez 13 euros le m2, vous le revendez une fois le terrain transformé en constructible entre 1300 et 1800 euros le m2, imaginez la plus value pour un terrain de plusieurs milliers de mètres carrés encore vierges de toute construction.

Ceci explique que dans notre pays, il existe bel et bien une corruption sourde des représentants de l’État, corrompus par des promoteurs/constructeurs peu soucieux de la sécurité des citoyens et qui mentent en prétendant avoir des solutions miracles pour empêcher les inondations et les catastrophes naturelles.

Lorsque l’on observe la qualité et l'état des digues françaises et les nécessités d’en faire de nouvelles à des coûts qui représentent des millions d’euros d’investissement, il y a de quoi frémir, car ces millions, les régions ne les ont pas.

Alors, les solutions miracles des constructeurs peuvent marcher une fois ou deux, mais peut-être pas trois et se sont les pauvres acheteurs et les locataires qui se retrouvent le bec dans l’eau à batailler avec les assureurs pour se faire indemniser, et ça, c'est encore une autre histoire.

Le promoteur, lui, il dissout sa société et en créer une nouvelle pour se mettre à l’abri des procès éventuels, ni vu, ni connu.

Dernièrement, le président s’étonnait, scandalisé de constater qu’en France au XXIe siècle on pouvait être victime de ces montées d’eau subites et mourir dans son sommeil, alors que sa secrétaire d’état à l’écologie, Chantal Jouanno, condamnait le laxisme avec lequel on donne trop souvent des permis de construire, par laxisme, je suppose qu’elle entend, corruption et pot-de-vin.

Nous vivons une époque formidable…