Quelques semaines après notre arrêt commun du tabac (le 09/09/09, pour ceux et celles qui ne connaitraient pas la genèse de ce blog), j’ai fait la connaissance d’une femme charmante. La quarantaine bien portée, pleine d’énergie, un charme fou, une femme dont on pouvait penser qu’elle réussissait tout… Nous voilà côte-à-côte lors d’un dîner d’amis, à parler de choses et d’autres. Parmi nous, des fumeurs, bien sûr. Qui sortent s’en griller une…
La voilà qui les regarde partir avec une étincelle gourmande dans le regard. A la voir se retourner pour les voir sortir, j’ai cru qu’elle en pinçait pour l’un des convives.
« C’est fou comme j’ai envie de fumer, là… ». Je comprends alors que la lueur d’envie dans ses yeux ne s’est pas allumée à la vue du derrière de notre ami (fort charmant au demeurant), mais bien à l’idée de fumer. Tant de convoitise, de jalousie… Je lui raconte alors que je suis une toute jeune non fumeuse, et que cette même envie me tenaille souvent après un long et bon repas. Nous échangeons un peu sur nos expériences respectives et la voilà qui m’annonce qu’après 15 ans d’arrêt du tabac, elle a toujours cette envie qui revient, lancinante, à la fin des repas festifs et bien arrosés… ou avec le café… Ou l’apéro… souvent…
En somme, elle m’annonçait froidement que je venais de m’engager pour une vie de torture et de frustration, et que ce besoin de sentir la fumée glisser dans ma gorge, remplir mes poumons, cette envie sournoise… Je l’aurai à vie. Qu’elle resterait dans un coin de ma tête, comme un intrus qui, où que vous posiez le regard, serait là… à l’arrêt de bus, les soirs d’été sur le balcon, à table avec vos amis, assis dans le fauteuil en face du lit, adossé au frigo…
Pour tout vous dire, cette perspective m’a fait un peu peur. On peut se battre avec fougue pendant 3 semaines, 5 mois, un an… Mais toute une vie… Peut-on persister à lutter contre soi-même tous les jours ? A quoi se raccroche-t-on quand, après 10 ans de sevrage, l’envie est toujours là, tenace ?
Eh bien, laissez-moi vous dire que ça existe, les vrais ex-fumeurs. Nous ne sommes pas tous égaux devant l’arrêt du tabac, mais, si ça se trouve, comme moi, vous aurez la chance de faire partie de ces gens qui peuvent oublier complètement la cigarette. Oublier qu’ils ont fumé pendant 10 ans. Oublier combien ils ont trouvé ça agréable et rassurant. Je m’étonne parfois de ne pas en avoir envie… du tout. Même avec un bon verre de vin, ou un café. Jamais.
Alors bien sûr, dans la terminologie usuelle, je reste une ex-fumeuse, parce que j’ai fumé. Mais dans la tête, et pour tous ceux qui ne me connaissaient pas avant, je suis plus qu’une ex-fumeuse, je suis une non fumeuse.