crédit illustration : haunted by leonard
Alors que le Président déplore la désindustrialisation du pays, que le chômage vient d'atteindre la barre symbolique des 10% de la population active et que Christine Lagarde vient de faire des promesses inconsidérées auprès de la Comission Européenne (qui pourraient en cas d'échec nous valoir la pire des cures d'austérité), il est réjouissant de constater qu'il existe encore quelques "ménages" et familles qui résistent plutôt bien à la crise !
" Ils sont frères et sœurs, pour d'autres il s'agit d'un père, d'une mère, de leurs enfants ou encore d'une myriade d'oncles et tantes, de cousins plus ou moins éloignés. Leur point commun ? Ils possèdent des pans entiers de l'économie française en étant actionnaires de ces grandes entreprises et en en actionnant leurs manettes. En coulisses ou en occupant les plus hautes fonctions managériales. Découvrez ces puissantes familles du business français" - Ecrit le Journal du Net
L'expression moderne "Familles du business français" nous rappelle une autre appellation, issue des années 30 : "les deux cent familles". L'expression "deux cents familles" désignait les deux cents plus gros actionnaires (sur près de 40 000) de la Banque de France pendant l'Entre-deux-guerres. Avant la réforme de 1936, ils constituaient l'Assemblée générale de la Banque de France. C'est Edouard Daladier, alors Président (Radical) du Conseil qui a lancé le slogan en 1934 : " Deux cents familles sont maîtresses de l'économie française et, en fait, de la politique française. Ce sont des forces qu'un État démocratique ne devrait pas tolérer, que Richelieu n'eût pas tolérées dans le royaume de France. L'influence des deux cents familles pèse sur le système fiscal, sur les transports, sur le crédit. Les deux cents familles placent au pouvoir leurs délégués. Elles interviennent sur l'opinion publique, car elles contrôlent la presse."
Dans "La Banque de France aux mains des 200 Familles" (Comité de vigilance des intellectuels antifascistes, 1936), Francis Delaisi recensait ces 200 familles, parmi lesquelles :
Famille Caruel de Saint-Martin (Manufacture de Tabacs) - Famille Darblay (Industrie) - Famille Davillier (Banque) - Famille Fould (Banque) - Famille Gradis (Commerce) - Famille Hottinguer (Banque) - Famille Lazard (Banque) - Famille Louis-Dreyfus (Négoce de grains) - Famille Mallet (Banque) - Famille Mirabaud (Banque) - Famille Petiet (Industrie, UCPMI) - Famille Raphaël (Banque) - Famille Robillard (Manufacture de Tabacs) - Famille Rothschild (Banque) - Famille Schlumberger (Industrie) - Famille Schneider (Industrie) - Famille Stern (Banque) - Famille Vernes (Banque) - Famille Wendel (Industrie) - Famille Worms (Banque, Armement naval) - Source Wikipedia
Des noms qui sonnent encore à l'oreille, pour certains ! Et dont les héritiers d'aujourd'hui continuent à engranger quelques bénéfices ... Mais qui sont aujourd'hui "ces puissantes familles du business français" qui détiennent une grande partie de l'activité économique du pays ?
Extraits de la liste du JDN
Le top Ten
Famille Muliez : Auchan, Boulanger, Décathlon, Electro Dépôt, Flunch, Kiabi, Kiloutou, Leroy-Merlin, Norauto, Saint Maclou...
Selon Bertrand Gobin, journaliste référence sur la famille Mulliez, le groupe Mulliez, comme on appelle improprement la galaxie de la fratrie, est le premier acteur non coté de l'économie française, avec un chiffre d'affaires annuel cumulé de plus de 60 milliards d'euros.
Fortune en 2009 : 15 milliards €
Famille Louis Dreyfus : " (...) Le groupe familial de négoce de produits agricoles et d'énergie", pèse, selon les auteurs d'une biographie de Robert Louis-Dreyfus, la bagatelle de 25 milliards d'euros de chiffre d'affaires. Impossible d'en savoir plus, le groupe propriétaire de Louis-Dreyfus fondé il y a 150 ans ne publie jamais ses chiffres.
Fortune en 2009 : 7 milliards €
Famille Dassault : Est propriétaire à 100% de Groupe industriel Marcel Dassault, une holding aux multiples participations en France : Dassault Aviation et Thales, le groupe Socpresse. Les Dassault sont également présents dans les laboratoires Biomérieux, les cinémas Gaumont, Veolia Environnement, Téléperformance ou encore Electricité et eaux de Madagascar. En tout, on retrouve leurs capitaux dans 28 sociétés, elles-mêmes actionnaires de nombreuses autres.
Fortune en 2009 : 4,7 milliards €
Famille Moulin : Elles étaient deux veuves à se disputer l'héritage de leur ancêtre Théophile Bader, fondateur des Galeries Lafayette. En 2005, c'est finalement Ginette Moulin qui a emporté la mise face à Léone Meyer. Elle est ainsi parvenue avec sa famille à monter à hauteur de 100% du capital du groupe : les magasins BHV, 50% de l'enseigne Monoprix et 50% du groupe Laser. Le tout pour un chiffre d'affaires global de 5 milliards d'euros en 2008.
Fortune en 2009 : 2,3 milliard €
Famille Besnier : Bridel, Lactel, Président, Société, Valmont, ... Chiffre d'affaires global de 8,5 milliards d'euros, dont la majorité réalisée à l'étranger. Le groupe Lactalis ne publie plus ses comptes depuis 2001
Fortune en 2009 : 2,2 milliards €
Famille Courtin-Clarins : Fin 2008, la famille Courtin-Clarins a dit adieu à la bourse. Lassés des rumeurs de marché, de l'impatience des actionnaires, les deux fils du fondateur du spécialiste des produits de beauté ont mis plus de 800 millions d'euros sur la table pour racheter les 30% publics du capital de l'entreprise
Fortune en 2009 : 2 milliards €
Famille Bouygues : TF1 et Bouygues Telecom, et bien sûr son activité historique, le BTP. Et au cœur de cette machine, deux hommes : Martin Bouygues, PDG et ami proche de Nicolas Sarkozy, et son frère Olivier Bouygues, directeur général délégué.
Tous deux, via leur structure SCDM, possèdent 19,1% du groupe. Un groupe qui a réalisé en 2008 plus de 32 milliards d'euros de chiffre d'affaires et gagné la bagatelle de 1,5 milliard d'euros.
Fortune en 2009 : 1,9 milliard €
Famille Decaux : Numéro 1 mondial du mobilier urbain et (arrêts de bus...), numéro 1 européen de l'affichage grand format, numéro 1 mondial de la publicité dans les aéroports et également numéro 1 mondial des vélos en libre-service. Vélib à Paris ou Vélov à Lyon etc., la famille Decaux détient également 70% de l'entreprise via JC Decaux Holding.
Fortune en 2009 : 1,7 milliard €
Famille Ricard : Aujourd'hui, Pernod-Ricard compte parmi ses marques la vodka Absolut, les whiskies Chivas, Jameson, Clan Campbell, mais aussi le Malibu... Tout cela permet au groupe d'occuper alternativement la place de numéro 1 ou numéro 2 mondial des spiritueux et de réaliser un chiffre d'affaires supérieur à 7 milliards d'euros.
Et si Patrick Ricard a récemment lâché les manettes de la direction générale, il demeure président du conseil d'administration. Un conseil où l'on retrouve également Alexandre Ricard (représentant de la SA Paul Ricard) et Danièle Ricard. La famille possède 14,28% du groupe.
Fortune en 2009 : 1,7 milliard €
Famille Peugeot : " La famille possède 30,3% de l'entreprise et truste les sièges au conseil de surveillance du groupe. On y trouve Thierry Peugeot, président, Jean-Philippe Peugeot, vice-président, Robert Peugeot et Roland Peugeot. A noter que Jean-Philippe préside le comité stratégique, dont Thierry est membre "
Fortune en 2009 : 1,6 milliard €
Moins de 1 milliard €
Famille Descours
Fortune en 2009 : 900 millions €
Famille Desseigne-Barrière
Fortune en 2009 : 692 millions €
Famille Wendel (Ernest Antoine Sellières)
Fortune en 2009 : 568 millions €
Famille Seydoux
Fortune en 2009 : 534 millions €
Famille Michelin
Fortune en 2009 : 402 millions €
Famille Bonduelle
Fortune en 2009 : 261 millions €
Les chiffres d'estimation des fortunes correspondent aux fortunes professionnelles des familles, c'est-à-dire à la valorisation de leurs parts dans leurs entreprises, et proviennent du classement 2009 des fortunes de France de Challenges.
1 Gérard Mulliez et sa famille
2 Bernard Arnault
3 Liliane Bettencourt et sa famille
4 Bertrand Puech et famille Hermès
5 Famille Louis-Dreyfus
Classement que nous vous conseillons, puisqu'il liste avec précision sur 10 pages de 50 noms les montants et activités des heureux élus ! Tout comme nous vous conseillons l'enquête : "Ces entreprises familiales leaders de leur secteur" du JDN
Il est bon de préciser que la majorité de ces grandes fortunes ne sont pas soumises à l'ISF puisque ne résidant pas en France ou utilisant la technique des "holdings". ISF que la présidente du Medef, Laurence Parisot, jugeait en 2008 qu'il serait: "sain" de supprimer (...) Plus j'observe ce qui se passe dans notre pays, plus je vois que cet impôt, qui a une valeur symbolique très forte, est en réalité une catastrophe économique (...) " et de conclure par : "Comment voulez-vous qu'on puisse continuer à créer des entreprises, à investir dans des entreprises si nous n'avons plus le capitaliste prêt à risquer son argent dans une entreprise ? "
Et dire que ces martyrs n'ont obtenu que le bouclier fiscal pour adoucir leurs souffrances (du moins ceux domiciliés en France) ! Jean Arthuis sur son blog écrit d'ailleurs à ce sujet : " (...) Contrairement à ce que nous pensions au moment du vote, son application suscite injustices si choquantes qu'elles le condamnent. (...) Le bouclier fiscal, outre ses incohérences, devient un amplificateur de défiscalisations et autres opérations d’optimisation fiscale. Cette dérive contredit la volonté qui avait présidé à la mise en place de ce fameux bouclier. Il est évident que les conséquences sont tout à fait abusives et injustifiables (...) " Il devrait en parler à l'Elysée ou au Ministère des Finances ....
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