Magazine France
La crise écologique qui se dresse devant nous doit nous conduire à modifier profondément nos comportements afin de minimiser l'impact de nos activités (dans tous les domaines) sur l'environnement.
Ces changements doivent être profonds car ils imposent de remettre en cause notre modèle sociétal, de conduire une nouvelle réflexion sur la solidarité, sur l'éthique, sur le sens même de la vie.
Comme on le constate, ce n'est pas seulement l'individu qui doit changer de comportement mais c'est notre civilisation qui doit opérer un changement de trajectoire et de valeurs.
Tout ceci conduit à se demander si les démocraties modernes possèdent encore les ressorts nécessaires pour conduire ces grands changements.
Partout où l'individu devient la valeur centrale, ses besoins personnels s'accroissent avec sa sphère personnelle, il ne supporte plus la promiscuité.
Or, la démocratie moderne, c'est à dire la démocratie libérale où l'individu prime sur le collectif, démultiplie les besoins de l'homme et augmente la pression sur l'environnement.
On ne peut que souhaiter une démocratie planétaire qui est nettement préférable sur les autres modes de gouvernance. Mais cela est-il possible si elle ne change pas de valeurs, de références, de mode de régulation ?
C'est une question fondamentale car, n'oublions pas qu'un univers mental ne renonce jamais de lui-même si des forces extérieures ne l'y contraignent pas. Si on n'y prend pas garde, le système va alors saturer tout l'espace et les changements deviendront impossibles tant qu'un bouleversement profond ne remette tout en cause.
Un des premiers "écototalitarismes" actuel s'incruste dans le domaine de la pensée et de l'action.
Aujourd'hui, il n'est plus possible de s'inscrire dans une démarche de réflexion qui ne correspond pas à la pensée dominante qui semble édicter "une Vérité Absolue". Tout écart à cette pensée dominante vous classe comme un adepte de l'obsurantisme.
Dans cette pensée unique, qui ne reconnaît finalement pas que "la Vérité absolue" est inaccessible à l'esprit humain", l'action se fige sous la pression des lobbies.
La Démocratie, face aux enjeux écologiques doit prendre en compte la fintitude de notre monde. Ce point n'est pas nouveau et, chez l'économiste libéral Daniel Ricardo, cette finitude conduisait à un état stationnaire" qui le conduisait à considérer que le seul moyen de retarder l'état stationnaire se trouvait dans le libre-échange.
Assumer pleinement cette finitude et à la fois une chance et une exigence qui doit nous conduire à dissocier bonheur et accumulation de richesses et de capital.
Elle donne des possibilités nouvelles aux sens des choix collectifs à l'intérieur de limites collectivement choisies et assumées.
Je voudrais terminer cet article par quelques lignes que j'aime beaucoup du livre "Quelle démocratie voulons-nous ?"
"la consolation devant les temps sombres ne peut venir que de l'idée de démocratie comme axe de résistance théorique et pratique. Le monde globalisé, apparemment sans limites et affranchi du territoire, est un mode clos où les choix sont devenus impossibles, un monde compressé selon l'expression de Paul Virillo, un monde amalgamé. Penser la liberté et l'égalité dans un monde fini, fragile, réouvre les possibilités d'invention sociale".
Je pense qu'il n'y a rien de plus à écrire à ce texte de Geneviève AZAM.
Dominique Lemoine