Depuis quelques années, la Fédération Française de Football s’illustre par ses nombreuses erreurs et les prodigieuses marques d’incompétence de son président.
J’en rappelle quelques-unes :
- Ne faire confiance qu’à la DTN (bon c’est pas une erreur en soi).
- Accorder de juteux contrats aux sélectionneurs. Dire qu’on a fait une erreur en signant Lemerre pour 4 ans et se limiter à 2 ans puis refaire la même erreur en 2006 pour Blue Ray.
- Ne pas avoir pris les bonnes décisions en 2008 et se forcer à se lier les mains, notamment par le point précédent.
- Ne pas être mesure d’expliquer pourquoi on a conservé à la tête de l’équipe de France un incompétent notoire. Sauf à sous-entendre l’existence de réseaux.
- Arriver à mettre une partie des spectateurs contre soi. Le pire, on ne se désespère plus de rien. On est au-delà du bien et du mal pour une équipe dont 90% des joueurs sont surcotés.
- Gérer aussi mal que les autres l’affaire « volée balle ». Et apparemment sans soutenir le fautif (dont franchement je me fous de ce qu’il a enduré).
- L’affaire de la prime d’un type qui ne fait manifestement pas son travail correctement (et après on tape sur les fonctionnaires !).
- Parler publiquement de la succession de Blue Ray après l’avoir confirmé au mois de décembre.
Et j’en oublie.
Mais cette fois c’est trop pour moi car on dépasse le cadre du football et du milieu quasi mafieux du conseil fédéral.
La dernière marque en date a été le thème de l’éditorial du Monde en date du 5 mars avec en titre Discrimination.
Le quotidien dénonce certaines mesures prises par la FFF au nom d’une politique de lutte contre les réseaux mafieux liés au trafic de jeunes footballeurs vers l’Europe (les Edel et Saméto, d’une manière différente sont des cas plus ou moins connus).
Cette politique a été lancée par la FIFA mais déléguée aux fédérations nationales. La trois Effe imposerait, pour qu’une licence soit accordée, une attestation de présence sur le sol français depuis cinq ans, un permis de séjour des parents, leur contrat de travail et éventuellement le bulletin de salaire.
Je me pose alors des questions. En quoi ces demandes participent-elles à la lutte contre des réseaux mafieux ? Sur chaque point je répondrai :
- Le regroupement familial est un droit inscrit dans la Convention Internationale des Droits de l’Enfant de 1989. Exiger une attestation d’au moins cinq ans de présence est une violation manifeste de ce droit.
- Le permis de séjour des parents. En quoi cela luttera-t-il contre les trafics ? Et si l’un des parents est français (naturalisé) ? Si l’un des parents s’est remarié avec un français ou un citoyen de l’UE ?
- Le contrat de travail. Exclurait-on d’office les enfants de chômeurs d’avoir le droit de participer à des compétitions sportives ?
- Le bulletin de salaire. En concomitance avec le point précédent. Le travailleur indépendant aura-t-il ses enfants exclus du droit de se licencier.
Et tout cela, pour qui cela va-t-il s’appliquer ? Pour les citoyens français, de l’Union Européenne, des pays européens hors UE, des pays d’Asie ou seulement les Africains ?
Sans aller dans le bon ronflement de la fin de l’éditorial (et patrie des Droits de l’Homme et 1998 et gnagnagna…) l’article évoque que 800 licences auraient été refusées, dont une grande partie en Île-de-France.
C’est bien gentil. Le Monde est sympa, il parle de discrimination mais pour moi cela va plus loin.
La Fédération Française de Football est une fédération délégataire, c’est-à-dire qu’elle s’est vue confiée une mission de service public, celle d’organiser et de gérer les compétitions sportives en France. Dans un contexte où le défouloir à l’égard de l’étranger s’est beaucoup exprimée dans les paroles (cf. MM. Frêche, Hortefeux, Besson,Madame Morano et sa casquette mais qui ne s’offusque pas que Ribéry ne chante pas la Marseillaise, et j’en passe), je m’étonne que la plus grande fédération sportive française fasse du zèle à ce point. Et pourquoi pas transmettre les informations aux autorités policières et judiciaires, dont c’est le rôle de lutter contre les trafics en tous genre et l’immigration clandestine.
Qui a décidé de tout cela ? Escalettes la paupiette et sa bande de vieux croûtons totalement dépassés ? Les fédérations sportives doivent-elles un des bras armé d’une politique gouvernemental ou bien c’est pour séduire, pour faire plaisir comme on a connu également (dans des contextes totalement différents) ? Messieurs les responsables, répondez à ces questions.
Il faut décidément une belle révolution au sein de la FFF. Et si Blue Ray partira avec son chèque, d’autres devront partir avec une guillotine sportive.
Si les dirigeants de clubs, de comités n’acceptent pas cela, ils ont toujours la possibilité de réagir en forçant une assemblée générale extraordinaire qui rejettera ces dispositions. Mais il faut le vouloir et les associations sont peu mouvantes, voire même très conservatrices.
Lamentable. Mais c’est dans l’air du temps, un air malsain je trouve. Et la FFF s’éloigne de plus en plus des valeurs du sport, du football en particulier, celles de l’universalité au profit de son petit nombril et de la conservation des sommes importantes et incroyablement données par les sponsors malgré l’image déplorable de cette équipe de France.
Enfin c’est mon opinion. Personnellement je trouve que c’est grave.
Elle est où alors dans tout ça, « la seule France, la vraie France, la France éternelle » ? (Charles De Gaulle, Paris, 25 août 1944)
PS. Pas dans les propos du député qui veut la démission de Blue Ray parce que ça va déprimer encore les Français ni dans Rama Yade qui ne fait que ronchonner sans rien proposer en retour.