Feu, Un roman français et le roman de l'été.

Par Apollinee

L'actualité de la Foire du livre commence par le rappel d'une chronique déjà publiée:

Un titre fulgurant pour ce quatrième et attendu roman de Régine Vandamme.

Trois lettres de flammes et le paradoxe d'un homme qui s'éteint - Hughes Worm, 44 ans, le mitan d'une vie - qui se consume de canicule et d'une solitude péniblement meublée de larges bouffées de gitanes et rasades de Triplettes.

Feu c'est avant tout le coup fatal d'une dépression: Hughes Worm a quitté famille et boulot - il était journaliste - et sombre dans l'obscurité de son appartement, le poids d'une culpabilité originelle et le mal-être de quelqu'un qui n'attend plus rien de la vie:

" Tu te résous là, aujourd'hui, dans la pénombre cendrée et enfumée de ton appartement surchauffé, à ce constat terrible: tu as bien choisi, un certain jour d'être un homme qui dort. Ce jour-là, un piège s'est refermé sur toi."

De cette journée fatale qui structure le récit, le narrateur nous livre une description minutée, précise, contagieuse et dérangeante dans son réalisme Il instaure un tutoiement d'office qui le porte témoin ou même voix intérieure d'une dépréciation tant physique que morale.

Une nouvelle fois Régine Vandamme mène loin l'art de l'introspection. Il faut du cran pour décrire à ce point de précision les états d'âme d'une dépression. Elle le fait sans tricher, sans concessions. Sans solution.

Apolline Elter

Feu, Régine Vandamme, roman, Le Castor Astral, Escale des lettres, 152 pp, 13 €

Le propos du roman sera l'occasion pour l'écrivain de participer, ce soir à 20 heures (Forum Le soir) au débat "Turning point", avec Frédéric BEIGBEDER ( Un roman français), Kerenn ELKAÏM et Nicolas FARGUES (Le roman de l'été) .

Trois hommes à un tournant de leur vie. Quel bilan dressent-ils d'eux-mêmes, de leurs manquements et du monde qui les entoure?

Pascal Verbeken dédicacera son roman Terre promise (adapté en film) auprès du stand 116 des Editions du Castor Astral (Escale des Lettres)

Gérard Adam dédicacera Qôta-Nih et Marco et Ngalula auprès du stand de Meo-Editions, (114), ce soir, de 18h à 20h.

****************

Ci-dessous, rappel de la chronique consacrée à Un roman français, le 28 septembre 2009 (Frédéric Beigbeder) Un roman français?

- Objection, votre Honneur, c'est un récit. Le récit d'une enfance vécue. Celle de Frédéric Beigbeder,balancé entre les us d'une bourgeoisie excentrique et ceux d'une aristocratie fauchée.

- Oui mais avec l'amnésie qu'il revendique, sur tout ce qui a trait à son enfance, on peut imaginer que l'auteur a forgé une histoire autour d' éléments rapportés.

Il demeure que je n'aurais jamais pensé prendre tant de plaisir à lire cette petite perle de la rentrée littéraire. De quoi réconcilier les fans de Beigbeder et ceux qui ne le sont pas (encore).

" J'aimerais qu'on lise ce livre comme si c'était mon premier."

Motif fédérateur: l'arrestation de l'auteur, un soir de janvier 2008, tandis qu'il consomme quelque stupéfiante poudre. D'une garde-à-vue humiliante dont il fera une description sans concession, hyperbolique et drôle à la fois, Beigbeder cherche mentalement la liberté, celle de la mémoire retrouvée. Des pans de son enfance lui reviennent à la lueur patibulaire de la cellule.

" Mon enfance n'est ni un paradis perdu, ni un traumatisme ancestral. Je l'imagine plutôt comme une lente période d'obéissance." p 32

L'occasion d'un auto-portrait sincère, plutôt réaliste, à première (garde à ) vue. Ce Peter Pan de notre littérature en devient , pour le coup, très attachant. Et puis une vraie révolte face à des conditions infectes de détention.

" On peut oublier son passé. Cela ne signifie pas que l''on va s'en remettre." p 108.

Comment, en effet, survivre à une enfance protégée dans les paisibles quartiers de Neuilly-sur-Seine, au divorce de ses parents, au sentiment d'admiration qu'on porte à son frère et qui vous pousse à la rébellion, ...?

Comment surtout se situer face au temps qui passe?

"Depuis, je n'ai cessé d'utiliser la lecture comme moyen de faire disparaître le temps, et l'écriture comme moyen de le retenir"

Apolline Elter

Un roman français, Frédéric Beigbeder, roman, Grasset, août 2009, 282 pp, 18 €