Émile Ajar est l’auteur de ce merveilleux roman, « La Vie devant soi » qui obtint le Prix Goncourt tout en demeurant dans l’ombre protectrice de son oncle, Romain Gary, lui-même Prix Goncourt. Hélas, l’oncle tua l’existence de son neveu en révélant longtemps plus tard qu’il était lui-même Émile Ajar… et avait trompé le règlement du jury Goncourt qui interdit d’attribuer deux fois son prix au même auteur. Bon, admettons au bénéfice du doute qu’Émile Ajar n’ait jamais existé, puisqu’il n’y a pas eu de procès d’assises. Mais je garde le doute sur la non existence d’Ajar. Ha le sacré Émile !
Nicolas Bourbaki est le fondateur d’une magnifique école de mathématiciens surréalistes ou proches. A ne pas confondre avec un vulgaire général du même nom, ni avec le général Boulanger, moins encore avec divers russes géniaux ou abjects, à vous de choisir : Bakounine, Boukharine, Boulganine, etc. Gloire, donc, au mythique fondateur de la grande mathématique moderne, cousine de la moderne poésie…
Victor Nazaire (à ne pas confondre avec son homonyme antillais, musicien de son état) : autre personnage dont l’existence est mise en doute par des esprits trop rationalistes, mais pas par quelques érudits comme Lediazec, moi-même et d'autres. Ce grand poète celtibère, comme il aimait à se désigner, est mort il y a un siècle et son œuvre fut pillée par des contemporains irrévérencieux, comme Aragon, Breton ou encore le grand Victor Hugo… On prétend même que Dali aimait à lire son travail. Souvenons-nous de son « Combien de combiens, combien de combiennes/Dans une mer sans lune/par une nuit sans fond », devenu dans la bouche de ce misérable Hugo le classique que l'on sait. Ajoutons sa tumultueuse relation amoureuse avec Angela-de-l'estuaire-de-Loire, ce qui n'arrangea pas sa relation avec le cénacle. Les jaloux s'employèrent à l'ostraciser, contribuant par ailleurs méthodiquement au pillage de son oeuvre, je déplore la disparition de la plaque qui l'honorait dans une place de la ville de Sain-Nazaire, que la Mairie a jugé bon de rebaptiser.
Bilitis : Le merveilleux Pierre Louÿs a révélé, comme un grand, tout seul, cette merveilleuse créature de l’antiquité grecque, dans ‘les chansons de Bilitis’, summum de l’érotisme féminin éternel. A ne pas mettre en doute, ô la sublime gouine ! Pour rappel, Pierre Louÿs n’a que 24 ans lorsqu’en 1895 il publie sa ‘traduction de poèmes découverts dans un tombeau de Chypre, attribués à Bilitis, vivant au VI° siècle avant J.C.’ … Et ces textes sont si parfaits – comme ceux de l’illustre Sapho, dans l’île de Lesbos, à la même époque – que de très savants hellénistes n’y verront que du feu. Certains prétendent même déjà connaître Bilitis ! Pierre Louÿs accède ainsi à la gloire… avant de révéler qu’il en est l’auteur. Toujours très lisible, d’ailleurs, dans la collection Poésie/Gallimard, avis aux amateurs et amatrices du ‘bel amour’…