À ceux qui "font"

Je me demandais pourquoi les étudiants en art portaient souvent une grande frustration envers leurs collègues théoriciens. Je trouvais ça bien triste parce que dans mon rôle de théoricienne, je leur porte une admiration infinie, tout comme je porte une admiration infinie envers mes collègues théoriciens enthousiastes. Je réalise, avec la distance, qu’il y a cette croyance, dans le milieu universitaire que de vivre dans la négation nous rend plus intelligent ou même, plus conscient! Comme c’est triste. Toutes les croyances sont tristes en fait, mais celle-ci est vraiment triste parce qu’elle transporte un vide infini. Il n’y a rien qui émerge d’une telle pensée et évidemment, cette pensée se revendique de ce « rien » avec fierté. Dans cette pensée dépourvue d’enthousiasme, les gens semblent toujours sur le point d’imploser (car c'est un processus qui ne peut mener qu'à une implosion). C’est une posture théorique qui se referme sur elle-même, et ainsi, elle a toujours « raison ». La pensée critique c’est une chose et c’est hyper important, mais je décroche maintenant fondamentalement quand celle-ci ne porte même pas l’ombre d’un risque. Ça ne me frustre pas, ça m’attriste et je décroche. C’est si facile de déconstruire les efforts intellectuels et créatifs des autres, quoi de plus simple. Construire, faire quelque chose, est-ce que l’on aurait oublié cela? Les « grands » intellectuels, ceux que nous aimons lire, l’ont fait et ils ont commencé quelque part…
Je comprends mieux le message renvoyé par certains artistes que je fréquente. Je peux comprendre combien ils sont affectés, même si, pour ma part, je décroche et cesse d'entendre. Mais comme j’aimerais que tous les artistes et les théoriciens enthousiastes laissent s’amoindrir ces petites voix de censeurs pour qui ce billet de blog est sûrement hyper pathétique.