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L’auberge des vagabonds (Hermann Hesse)

Par Arbrealettres
L’auberge des vagabonds (Hermann Hesse)


N’est-il pas étrange, admirable,
Que ruisselle ainsi chaque nuit
La fontaine et son léger bruit
A l’ombre fraîche de l’érable?

Le clair de lune, douce odeur,
Des toits d’ardoise se dégage
Tandis que fuit, dans les hauteurs,
L’essaim vagabond des nuages.

Tout cela dure, est consistant.
Nous passons une nuit à peine,
Puis repartons à travers champs
Sans que de nous nul se souvienne.

Peut-être en rêve ils reviendront
Dans quelques années encor lointaine,
Tels que furent et resteront:
Les toits, le portail, la fontaine;

Comme un air du pays natal,
Malgré la halte provisoire
En ce gîte étranger, banal,
Dont le nom a fui la mémoire.

N’est-il pas étrange, admirable,
Que ruisselle ainsi chaque nuit
La fontaine et son léger bruit
A l’ombre fraîche de l’érable?

***

Landstreicherherberge

Wie fremd und wunderlich das ist,
daß immerfort in jener Nacht
der leise Brunnen weiterfließt,
vom Ahornschatten kühl bewacht.

Und immer wieder wie ein Duft
der Mondschein auf den Giebeln liegt
und durch die kühle , dunkle Luft
die leichte Schar der Wolken fliegt!

Das alles steht und hat Bestand,
wir aber ruhen eine Nacht
und gehen weiter über Land,
wird uns von niemand nachgedacht.

Und dann vielleicht nach manchem Jahr,
fällt uns im Traum der Brunnen ein
und Tor und Giebel, wie es war
und jetzt noch und noch lang wird sein.

Wie Heimatahnung glänzt es her
und war doch nur zu kurzer Rast
ein fremdes Dach dem fremden Gast ,
er weiß nicht Stadt, nicht Namen mehr.

Wie fremd und wunderlich das ist,
daß immerfort in jeder Nacht
der leise Brunnen weiterfließt,
vom Ahornschatten kühl bewacht!

(Hermann Hesse)



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