C’est toujours dans les grandes occasions qu’on retrouve l’équipe de France. Domenech a retourné l’opinion et s’est fait oublier bruyamment par tout un stade : Escalettes n’a pas à regretter son choix, même si tout est de la faute de la charnière centrale et que le problème, ce sont les résultats.
Le fonds de jeu, rapide, léché, c’est la marque de l’équipe de France. Avec un homme à la baguette, Yoann Gourcuff, totalement exalté par le numéro 8 de son pays. Zidane était là, comme aux plus belles heures. Il a épuré son jeu et ça marche, il ne s’emmerde plus avec des beaux gestes, une accélération, une patte sur coups de pied arrêtés et toujours cette grande élégance. Il a même retrouvé cette capacité à réussir des passes latérales en manquant de se casser la gueule. Il était partout, même quand le ballon était ailleurs, et n’a pas arrêté de défendre pendant 90 minutes, comme le font tous les grands meneurs de jeu modernes. Il confirme qu’il est indispensable à cette équipe et comme le dit Wenger debout comme tous les spectateurs pour la standing ovation, « les gens sont durs, il a énormément travaillé Gourcuff ».
Thierry pimpon
Offensivement, la France a retrouvé la totalité de son pouvoir d’accélération : Ribéry n’est plus blessé qu’à 75%, Henry n’est plus fini qu’à 99%, Anelka se rapproche des 5% de matches réussis en bleu. Repu d’une occasion franche à 25 mètres sur le gardien, il a fait le plein de confiance. Galvanisés par l’incroyable niveau de jeu, les remplaçants ont même été meilleurs : Malouda, Govou et la révélation de la Coupe du Monde 2002, le prometteur espoir du Panathinaikos Djibrill Cissé : le vivier français a de beaux jours devant lui.
Le point fort du passé, c’était aussi la charnière. Une charnière solide, les ballons qui ne passent pas. A la grande époque, Laurent Blanc était toujours bien placé. Interventions, passes, contrôles, il a été impérial jusqu’au premier but, qui n’est intervenu qu’à la 21e minute. Propre, chirurgical, son compère Ciani n’a pas eu de boulot. En face, l’Espagne a été complètement dépassée par le rythme d’un collectif français plus conforme à ses possibilités, loin du surrégime trompeur de France-Eire. Apathique, lent et peu motivé, le champion d’Europe espagnol a d’ailleurs attendu la mi-temps pour faire entrer ses deux meilleurs joueurs. En pure perte, la France a tenu le 0-0 sur la deuxième mi-temps.
Franco folie
Lloris : Difficile de briller, David Villa n’est pas Irlandais. Par contre Julien Escudé est toujours Roumain. Impeccable sur la frappe non cadrée de Navas.
Sagna : On peut tout à fait attendre d’avoir 30 ans et 70 sélections pour faire sa première passe décisive.
Ciani : Il a fait un bon match et peut donc affirmer aujourd’hui que ne pas sélectionner le gaucher Planus était un véritable scandale.
Escudé : Le mec qui monte tout seul sur le premier but, c’est bien lui. La feinte de Sergio Ramos qui marche, c’est bien lui, le contre sur la frappe qui suit pour le 2e but c’est bien lui. Un match complet.
Evra : Intenable sur son côté gauche, il a créé tellement de danger que les deux buts viennent de son côté. Il n’a pas raté de touche.
Toulalan : Domenech tient sa paire de récupérateurs, il avait raison depuis le début.
Diarra : Il a remporté la bataille du milieu haut la main. Toulalan n’était pas dans un bon jour.
Gourcuff : Tirer les corners à 50 ans ça fait mal au pied, il doit regretter ses 24 ans. C’est qui le plus vieux, lui ou Henry ? En revanche, Zidan a marqué, l’Egypte a de la chance d’avoir un tel joueur.
Ribéry : Lui filer la balle quand il est là parce qu’on sait pas quoi en faire faute de fonds de jeu, c’est du passé. Il a touché énormément de ballons.
Henry : Suspecté d’être fini, il a répondu à ses détracteurs. C’était en conférence de presse après le match.
Anelka : L’essentiel pour l’instant, c’est de se créer des occasions. Il a frappé une fois de 25 mètres.
Pendant ce temps-là, Domenech continue son opération séduction loin des foutages du gueule du passé. Il fait des photos avec des supportrices dans le couloir, grand sourire, pendant que Gourcuff analyse la défaite. La défaite ? L’Espagne était trop forte et aujourd’hui, ça ne sert à rien de s’inquiéter.