Pendant la campagne électorale Frédéric Lefebvre-(in)Utile continue d’aboyer… pour du (petit) beurre ?

Publié le 04 mars 2010 par Kamizole

Ainsi est-il fait, l’inénarrable porte-parole de l’UMP. Chien de garde à l’attache – je ne sais je ne sais si vous avez déjà eu l’occasion de voir un molosse dans quelque cour de ferme mais c’est proprement impressionnant : il tire sur sa chaîne, prêt à vous sauter dessus, le poil hérissé et la gueule pleine de bave moussante ouverte sur des crocs redoutables – ou petit roquet libre de ses mouvements mais non moins enclin à vous mordre les mollets. A mon avis, il y a un peu des deux chez Frédéric Lefebvre, mâtiné avec un des chiens de laboratoire tout droit sorti de chez Pavlov : il réagit au quart de tour au seul mot de socialisme. Impossible de le priver de ses no-nos à ronger !

Le Fou du Roi se déchaîne à peine un peu plus d’une semaine avant le premier tout des régionales. En service commando ou libre de ses ineptes attaques, le résultat est le même : sarkonneries en salves et tout autant de grossiers mensonges. Certes, Martine Aubry ne devrait pas tant s’offusquer de voir Nicolas Sarkozy réunir ses troupes de choc de la liste régionale d’Ile de France – en bien piteux état ! - à l’Elysée pour les «recadrer» et leur intimer de remiser critiques et inimitiés patentes parler tous d’une même voix : la sienne…

On aura donc droit pour la finale du 400 mètres haies à une équipe plus soudée - mais seulement en apparence – dont il restera à savoir s’ils ne trébucheront pas sur les obstacles ou ne feront pas tomber le témoin lors d’un passage de relais.

C’est tout à fait dans la logique du sarkozysme. Il y a belle heurette – en fait depuis la fête du 6 mai 2007 au Fouquet’s – qu’il est patent que Nicolas Sarkozy n’est pas et ne sera jamais le président de tous les Français, au-dessus de la mêlée partisane : cela lui est carrément UM/Possible.

Il est le représentant d’une caste privilégiée entre toutes et dont il n’a cesse d’accroître les privilèges quand bien même la crise économique exigerait par exemple qu’il revînt sur le «bouclier fiscal» - lire à cet égard la réjouissante chronique de Jean-François Kahn sur son blog de Marianne «Tournez la page» du 1er mars 2010 Sarko : mais pourquoi cette chute ?

Nicolas Sarkozy ne peut se conduire autrement – nonobstant toutes ses déclarations contraires témoignant d’une compassion et d’une compréhension de pure façade à l’égard des problèmes vécus par les Français – qu’en chef de meute. N’a-t-il pas lâché ses chiens, leur intimant de mener campagne avec du «gros rouge qui tache» aux fins de racler les fonds de tiroir de l’électorat lepéniste populaire ? Le résultat dans l’ignominie aura largement dépassé toutes ses espérances. Un vrai festival de propos racistes et xénophobes, d’attaques ad hominem et autres «boules puantes» ! Que maintenant il doivent boire la coupe jusqu’à la lie n’est qu’un juste retour des choses.

Méfions-nous toutefois. Je persiste à penser que Martine Aubry a eu tort d’évoquer la possibilité d’un grand schlem” au soir du 21 mars 2010. C’est très démobi-lisateur et pourrait ne favoriser que… l’abstention. Certes, les sondages continuent de donner la gauche largement gagnante. Mais je suis bien plus de l’avis de Jean-François Kahn qui écrit, toujours sur son blog, Régionales : ne vendons pas la peau de l’ours.

Que mes camarades et ami(e)s du PS ne m’en veuillent pas : je suis une pessimiste chronique en matière d’élections. Je ne respire vraiment – encore faut-il que la victoire soit au rendez-vous ! – qu’au moment où tous les résultats sont définitifs.

J’en reviens à ma tête de Turc favorite. Frédéric Lefebvre qui n’hésite pas à voir dans les critiques de Martine Aubry et des socialistes émises à l’occasion de la réunion à l’Elysée des têtes de liste de la Région Ile de France «des cris d’orfraie particulièrement déplacés et destinés à masquer un bilan dans les régions largement catastrophique en général»… bof ! bof ! cela vient de si bas et je ne vois guère dans le bilan de Nicolas Sarkozy après bientôt presque trois ans de pouvoir absolu matière à faire la roue comme un paon !

Au-delà de ces considérations, Frédéric Lefebvre nous prend visiblement pour des guiches en prétendant que cette réunion était destinée à mobiliser l’UMP sur le projet du Grand Paris «porteur d’avenir pour les Franciliens et au-delà pour notre pays». Visiblement, il n’y a guère que lui, Nicolas Sarkozy et quelques UM/Posteurs pour le croire. Je ne reviendrais pas sur mes critiques sur ce projet, largement exposées ailleurs.

Mais Frédéric Lefebvre appartenant à la race de “ceux qui osent tout”, rien ne peut l’empêcher de grimper toujours plus haut aux rideaux. Il doit y avoir chez cet homme-là du singe funambule – à moins que ce ne fût somnambule : il prend en rêve ses désirs pour la réalité au point de ne pas craindre de se casser la figure en marchant sur le rebord du toit.

Une chose est toutefois des plus certaines : il ne craint nullement le ridicule. En présentant Nicolas Sarkozy et le gouvernement comme le grand sauveur des Chantiers de l’Atlantique à Saint-Nazaire… Pour l’instant encore peu d’articles mais cela va très certainement faire jaser dans le Landerneau politique. J’ai déniché ce corpus delictis sur le site de la marine marchande qui donne le contenu d’une dépêche de l’AFP du 3 mars 2010.

Laquelle reprend les très intelligents propos de Frédéric Lefebvre au sujet du mirifique contrat signé par les Chantiers de l’Atlantique (devenus STX) entre l’armateur italien CSM – en fait une simple lettre d’intention ! qui n’engage à rien – pour la construction d’un paquebot de 1700 cabines, ainsi que l’annonce faite par Nicolas Sarkozy le 1er mars, à l’occasion de la visite du président russe Dmitri Medvedev en France que Paris et Moscou avaient commencé des “négociations exclusives” pour l’achat par la Russie de quatre navires de guerre français de type Mistral, précisant que le premier navire serait “construit à Saint-Nazaire” et laissant entendre qu’un deuxième pourrait l’être.

Laissez-moi rigoler ! Ce n’est pas à une vieille guenon que l’on apprend l’art des grimaces et autres simagrées à visée électorales. Non plus que les contrats de ce type n’engagent à rien. D’autant que nous sommes instruits par l’expérience au sujet des contrats qu’en bon petit VRP Nicolas Sarkozy ne manque jamais de ramener de toutes ses nombreuses visites à l’étranger. On a parlé à juste titre à son propos de «diplomatie des contrats» mais s’il ne devait vivre que des commissions versées pour les affaires définitivement conclues, il émargerait incontestablement au RSA ! La preuve par les avions Rafales qui devaient être choisis par le Brésil et la bonne claque reçue quant au non-choix de l’EPR par les Emirats.

C’est à cette aune qu’il faut mesurer l’inanité des propos du prolixe Frédéric Lefebvre quand il ose tancer Jacques Auxiette, président PS des Pays de Loire et Yves Tual, son colistier CGT qui selon lui, devraient se réjouir – comme les représentants de la majorité présidentielle dans la région – de la commande d’un paquebot par un armateur italien “grâce au soutien de l’Etat”, et sur la négociation franco-russe portant sur quatre navires de guerre de type Mistral dont “au moins un” fabriqué par les chantiers navals et «seraient bien bien inspirés de saluer publiquement l’engagement du Président de la République et du gouvernement».

Ne craignant pas d’ajouter : “Quand l’intérêt national est en jeu, alors même que notre pays se bat sur tous les fronts pour sauver notre industrie, tous les républicains ont le devoir d’abandonner les habits du sectarisme”… Nul sectarisme mais simple bon sens lucide.

Fermez le ban ! Que Nicolas Sarkozy se pose constamment en sauveur de l’industrie est une chose. Qu’il fasse tout en pratique pour la faire sombrer corps et biens est la triste réalité. C’est ce que veulent ses amis des multinationales et il ne va pas risquer d’aller contre leurs intérêt. De surcroît, qui sera assez crédule pour supposer un instant que ces contrats – si opportunément sortis du chapeau de Nicolas Sarkozy à 15 jours du premier tour de l’élection régionale - survivront à la campagne électorale ? D’autant que nous savons pertinemment qu’une foule de plans sociaux sont dans les tiroirs, prêts à sauter sur les salariés dès la fermeture des urnes. Seuls Total et Siemens et sans doute quelques autres n’ont pas eu la patience d’attendre.

Dernier point sur le chapitre de l’industrie. Je n’ai pas lu de déclarations de Frédéric Lefebvre à ce sujet mais j’aimerais attirer l’attention sur la reprise d’Heuliez en Poitou-Charente. Apparemment et pour l’instant, la piste Bernard Krief aurait fait long feu. Un émule de Bernard Tapie qui a souvent promis du cash mais rarement tenu, sauf pour Rossignol qui s’était bien redressé. J’ai entendu jeudi dernier sur France Info qu’un repreneur turc se plaçait sur les rangs en mettant sur la table des négociations avec Christian Estrosi, ministre de l’Industrie, 20 millions d’euros.

Je sortais d’une longue sieste réparatrice et ne prêtait qu’une très molle attention au défilé des nouvelles. Mais je peux vous dire que cela m’a complètement réveillée et que j’ai bondi comme un diable de sa boîte ! Ma première réaction fut : Heuliez, t’es foutu !

Ne croyez pas que cette réflexion me fut inspirée par quelque sentiment anti-turc. Je ne mange pas de ce pain-là que je laisse bien volontiers à Nicolas Sarkozy quand il refuse que la Turquie puisse être assez européenne pour rejoindre l’Union européenne. J’aimerais qu’il m’expliquât qu’elle le fût assez pour faire partie du Conseil de l’Europe (et à ce titre relever de la Cour européenne des droits de l’homme) et même participer aux Coupes européennes de football. Qu’elle soit à cheval sur l’Europe et l’Asie est même plutôt une chance pour favoriser la paix aux Proche et Moyen-Orient dans la mesure où elle est alliée d’Israël.

Je suis tout simplement instruite par l’expérience et notamment celle de la reprise de l’entreprise Duralex de La Chapelle-St-Mesmin, proche banlieue d’Orléans sur la route de Blois qui fut longtemps une filiale de Saint-Gobain. Or, le tribunal de commerce d’Orléans qui refusa la solution interne de reprise par des cadres, accepta la reprise par un entrepreneur turc, par ailleurs client de Duralex dont il revendait les produits dans ses magasin en Turquie. Celui-ci n’eut de cesse de dépecer l’entreprise, notamment en achetant la production pour une bouchée de pain, comme je l’ai déjà écrit.

Rien ne dit qu’Alphan Menas, dirigeant du fonds turc Brightwell Holdings BV selon le Figaro du 25 février 2009 Un repreneur turc s’intéresse à Heuliez n’agirait pas de même. Que selon FR3 Limousin-Poitou-Charentes Heuliez : Alphan Manas se décidera mardi prochain «il soit allé au Salon de l’automobile de Genève pour voir la Mia, petite voiture électrique qui porte les espoirs de l’entreprise des Deux-Sèvres» ne signifie pas grand chose à mon sens.

En admettant qu’il reprenne effectivement Heuliez en apportant les 20 millions promis et que dans un an ou deux il décide que la concurrence internationale étant trop rude eu égard aux salaires et conditions de travail en France, l’avenir de la marque passe par une délocalisation de la production en Turquie, en Roumanie voire en Chine ou au Viêt-Nam… Les ouvriers d’Heuliez n’auraient plus que leurs yeux pour pleurer.

D’autant que nous savons pertinemment que l’économie réelle et le devenir des entreprises ne sont aucunement la préoccupation des fonds d’investissement. Des profits substantiels à très courts termes pour le seul bénéfice des actionnaires. Le temps de traire la vache à lait, et hop ! l’entreprise est revendue. Quid d’ailleurs de la provenance de ces fonds miraculeusement mis sur le tapis avant les élections…

S’il devait s’agir d’une LBO, la cause serait entendue avant même que la messe fût dite : “De profundis” !